Le Cirque Napoléon, le monument exceptionnel du second Empire.
Un directeur exceptionnel
Louis Dejean, un entreprenant négociant qui avait fait fortune dans la boucherie, puis dans l’immobilier, avait fait ses débuts dans le monde du spectacle, en ordonnant la construction du Cirque Olympique – le troisième du nom – 66 Boulevard du Temple, à Paris, inauguré en 1827. Quelque sept ans plus tard, il obtenait l’autorisation de créer un manège en bordure du carré Marigny. Il fit ensuite construire sur les Champs Elysées, à la hauteur de l’avenue Matignon, un bâtiment en pierre, le Cirque d’Eté.
Par la suite, ce haut lieu parisien s’intitula Cirque National des Champs Elysées, Cirque National de Paris, Cirque de l’Impératrice, et repris sa dénomination première après la guerre de 1870.
À la fin de 1851, il obtenait l’autorisation de construire un cirque sur un terrain rue des Fossés du Temple, sur lequel la Ménagerie de Huguet de Massilia avait séjourné. Il fut construit par Jacques Hittorff, grand prix de Rome, architecte en chef de la Ville de Paris.
Un monument parisien
Ce monument, un polygone à vingt pans, de 41 mètres de diamètre, haut de 27,50 mètres, est artistiquement décoré de bas-reliefs signés Duret, Bosio et Dantan, représentant les Jeux du Cirque. Les piliers supportent des colonnes qui consolident la partie extérieure. La vaste toiture s’appuie sur une immense charpente. Deux statues équestres, l’une représentant une amazone exécutée par Pradier, et la deuxième, un guerrier, terminée par Bosio et Duret, surplombent l’entrée principale. Les spectateurs entrent par un vestibule et accèdent aux premières places, aux loges et aux stalles. Des escaliers conduisent aux secondes, et d’autres aux troisièmes. La salle était composée de dix-sept travées. La piste mesure treize mètres. Elle est éclairée par un grand lustre. A l’origine, le cirque pouvait recevoir 3.900 spectateurs.
Les annexes abritent le bar, et les loges pour les artistes au premier étage, les écuries longues de 52 mètres sur 9 mètres de largeur, et la ménagerie. L’entrée se situe rue de Crussol, avec une loge pour le gardien et, au premier, les bureaux de la direction. Une réussite incontestable ! Le gros œuvre fut terminé à la fin août 1852, et l’ensemble avait coûté 750.000 francs.
L’inauguration du Cirque Napoléon
Il fut inauguré le 11 décembre 1852, sous le nom de Cirque Napoléon, en présence du Prince Louis Napoléon Bonaparte, qui venait de se faire sacrer Empereur. Adolphe Franconi ouvrit le manège qui vit défiler le Maître écuyer François Baucher, la belle Coralie Ducos et le bondissant clown Auriol.
A la tête de la société des deux Cirques, Louis Dejean s’était attaché les meilleurs artistes de l’époque comme les clowns Boswell, Lavater Lee, Cook et ses éléphants prodiges, le trapéziste Léopold Verrecke, la téméraire Madame Labarère et ses bêtes féroces ou la dompteuse Borelly avec un groupe mixte de fauves. En juillet 1856, Louis Dejean nommait officiellement son fils Eugène comme gérant du cirque.
Les merveilles du Cirque
Le 12 novembre 1859, le Toulousain Jules Léotard débuta avec un numéro inédit, le trapèze volant. Ce précurseur de cette nouvelle discipline devint une vedette mondiale. Les spectacles variaient régulièrement. On vit les dompteurs Crockett et Batty, les icariens Nagels ou encore les Hanlon-Lee, en compagnie du fameux Agoust, dans leurs pantomimes échevelées.
En février 1868, Eugène Dejean démissionnait et son père Louis reprit la direction des deux cirques parisiens. Après la défaite de Sedan, le cirque fut débaptisé, le 4 septembre 1870, en Cirque National. C’était la fin du second Empire… Trois ans plus tard, Il deviendra ensuite le Cirque d’Hiver.
Extrait de : Cirques en bois, cirques en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis – 2 tomes – Arts des 2 Mondes.
Sources : Cirque Napoléon
- Un glorieux centenaire – Henri Thétard – Le Cirque dans l’Univers – n° 11.
- Le Cirque d’Hiver – Louis Gagey – Le Cirque dans l’Univers – n° 11.
- La première du Cirque Napoléon – M. J. Vesque – Le Cirque dans l’Univers – n° 11.
- Le Cirque Napoléon – Musée des Familles – Février 1853.
- Revue générale de l’architecture et des travaux publics – 1854.
- Le Monde Illustré – 1859.
A lire sur le sujet du Cirque Napoléon
- Cirques en bois, cirques en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis – deux volumes – arts des 2 Mondes – 2003. (en cours de réédition).
- Histoire Illustrée des Cirques Parisiens – Adrian.
- Paris en Piste – Histoire des cirques parisiens – Pascal Jacob – Editions Ouest-France – Rennes 2013.
- Le Cirque d’Hiver – Sampion Bouglione & Marjorie Aiolfi – Flammarion – Paris 2002.