Ce cirque mythique par excellence est l’oeuvre de Geronimo Medrano – Boum-Boum.
Cette saga – c’en est une – narre, année par année, l’incroyable destinée de Geronimo Medrano aussi talentueux que généreux. Comment, parti de sa Castille natale, il devint apprenti gymnaste, puis trapéziste, clown, acrobate, jongleur, écuyer, dresseur, régisseur et enfin directeur. Comment a-t-il pu devenir aussi populaire… Comment son établissement est-il devenu un cirque typiquement parisien fréquenté par les plus grands artistes de l’époque ? C’est aussi un demi-siècle de cirque !
Un as du trapèze volant
L’histoire de Geronimo Medrano débuta à Madrid, lorsque adolescent, il découvrit les exploits de Jules Léotard, le créateur du trapèze volant. Il devint l’élève de Balaguer et quelques années plus tard, monta avec son partenaire Salonne un numéro aérien avec lequel, il se produisit en Espagne, au Portugal, en Suisse, en Italie, et en France chez Théodore Rancy. De là, il fut engagé au Caire à l’occasion de l’inauguration des fêtes du canal maritime de l’isthme de Suez.
De retour en Europe, il se fit également apprécier en Angleterre, et enfin à Paris, au Cirque des Champs-Elysées.
Medrano – Boum-Boum clown chez Fernando
Séparé de son partenaire, Geronimo Medrano se fit embaucher comme clown par Fernando qui dirigeait alors un modeste chapiteau à un seul mât. Au printemps 1873, le cirque s’installa boulevard Rochechouart, et immédiatement, ce fut le succès… En très peu de temps, Geronimo Medrano, que le public surnomma Boum-Boum, devint une célébrité parisienne. Les affaires étant florissantes, Fernando fit construire un bâtiment en dur par l’architecte Gustave Gridaine, et le 25 juin 1875, Paris put s’enorgueillir de posséder un nouveau cirque en pierre.
Pendant plus de quinze ans, Boum-Boum fut l’étoile de cet établissement fréquenté par tous les artistes de Montmartre. Entre-temps, il se produisit en tournée en France, Belgique, Espagne, puis à Paris, à l’Hippodrome de l’Alma. Clown au grand cœur, il accepta de se rendre au chevet d’un petit garçon malade qui le réclamait et le guérit du mal qui le rongeait. Cette histoire authentique fut narrée par Jules Claretie sous forme de nouvelle dont l’énorme retentissement accrut encore plus sa popularité.
Raoul Donval, le nouveau directeur du Nouveau Cirque, l’engagea comme clown pour deux saisons, puis le nomma régisseur général. Pendant huit ans, Geronimo Medrano fut le responsable des nombreuses pantomimes nautiques de ce cirque le plus chic de la capitale. Pendant un temps, il dirigea, également, le Cirque-Hippodrome du Champs de Mars. Lorsque Louis Fernando abandonna son cirque, Geronimo Medrano en reprit la direction.
Le succès du Cirque Medrano
À partir du 22 décembre 1897, le Cirque Medrano connut un succès ininterrompu, avec les meilleurs clowns du moment comme Luigi et Paolo Fratellini ou le duo Averino et Antonio. Des artistes prestigieux honorèrent cette piste, tels le maître écuyer Gustave Gaberel, la dompteuse Claire Héliot, Charley Clarke, le plus grand acrobate à cheval du siècle, Trajan Luppu, le créateur des barres aériennes, ou les Alex et les Rainat, les rois du trapèze volant. Passionné de spectacle, Geronimo donna également sa chance à des débutants comme l’excentrique musical Dariot ou encore Brick et Grock, alors inconnus.
En 1905, Geronimo eut la douleur de perdre son épouse Charlotte Blanche, pour laquelle il fit construire un élégant caveau au cimetière de Montmartre. Les représentations reprirent avec la troupe Hassan, et un nouveau duo, Dandy et Randy.
Geronimo rencontra plus tard Berthe Mathilde Perrin qui lui donnera un fils, Jérôme Medrano. Reprenant goût à la vie, Geronimo programma plusieurs équipes de clowns dans le même spectacle. Ainsi, pour la saison 1907/1908, il engagea deux nouvelles équipes : Tonitoff et Seiffert ainsi que Antonet et Grock. Le Cirque Medrano était devenu une institution… on allait rire à Medrano !
La suite de Medrano – Boum-Boum
Alors que la foule se pressait aux guichets du cirque, Geronimo Medrano fut frappé de paralysie. Il rendit son dernier soupir le 27 avril 1912. Cet artiste au destin exceptionnel avait réussi, en l’espace d’une décennie, à faire de son cirque un des fleurons de la ville de Paris.
L’histoire de Geronimo Medrano et de son cirque devrait s’arrêter là. Mais il n’en est rien car, il laissait en héritage l’entreprise à son fils Jérôme, âgé seulement de cinq ans. Il restait donc seize années avant que celui-ci puisse reprendre l’œuvre de son père. Sa veuve Berthe, épaulée par ses régisseurs, prit courageusement les commandes de l’entreprise. La réouverture se fit avec le duo de clowns Rico et Alex.
Les Fratellini, nouvelles vedettes à Medrano – Boum-Boum
Lorsque débuta la guerre en 1914, le cirque dut fermer ses portes. L’année suivante, Berthe Medrano, sur les conseils de Rodolphe Bonten, mit à l’affiche un nouveau trio de clowns, les Fratellini. Ce fut un succès incroyable ! Cette nouvelle équipe devint en peu de temps la coqueluche des Parisiens.
Après l’Armistice, Berthe Medrano fut frappée par une terrible maladie. Pour sauvegarder l’avenir de son fils Jérôme, elle se remaria avec Rodolphe Bonten. Désormais, celui-ci devenait le beau-père et le tuteur légal du fils de Geronimo Medrano. Le 30 août 1920, Berthe Medrano décédait, laissant son fils Jérôme à nouveau orphelin.
Le triomphe des clowns à Medrano – Boum-Boum
Rodolphe Bonten prit alors en main la direction effective du Cirque Medrano, en respectant, à la lettre, le style Medrano imposé par son fondateur. Les Fratellini attiraient toujours les foules, et ils signèrent un nouveau contrat de trois ans. Deux ans plus tard, les trois frères renièrent leur signature pour aller se produire au Cirque d’Hiver. Privé de ses clowns vedettes, Rodolphe Bonten tenta de former de nouveaux trios capables de les concurrencer, mais sans parvenir à des résultats satisfaisants.
Pour la rentrée de septembre 1927, Rodolphe Bonten, eut une fois de plus, la main heureuse, en mettant à l’affiche deux équipes de clowns qui, en quelques mois, allaient s’imposer comme les plus drôles de Paris. Le premier trio était composé de Cairoli, Porto et Carletto, et le second, de Dario, Bario et Rhum. Le 18 mai 1928, Jérôme Medrano fêtait ses 21 ans. Héritier légal de l’entreprise, il demanda alors d’en prendre la direction effective. Une page de l’histoire du Cirque Medrano venait alors de se tourner… terminant ainsi l’histoire du clown Boum-Boum qui devint directeur de cirque.
À lire :
- Medrano – Boum-Boum – Dominique Denis – Arts des 2 Mondes
- Histoire illustrée des cirques parisiens – Adrian.
- Cirques en bois, cirques en pierre de France – Charles Degeldère & Dominique Denis – Arts des 2 Mondes (en cours de réédition).
- Une vie de cirque – Jérôme Medrano – Arthaud.
- Clowns de Cirque – Histoire des comiques de la Piste – Arts des 2 mondes