Le Cirque des Champs-Elysées, fut, tout au long du XIXème siècle, un modèle du genre qui inspira les autres établissements de spectacle du monde entier.
Le temple du cheval aux Champs Elysées
Plan du Cirque des Champs Elysées[/caption]
À Paris, la direction du Cirque Olympique obtint l’autorisation, le 26 mai 1835, de créer un manège sous une tente spacieuse, en bordure du carré Marigny, situé sur les Champs-Elysées. Cet établissement allait devenir la succursale d’été du Cirque Olympique. La première eut lieu le 30 juin.
Louis Dejean
L’année suivante, le manège installé le long de l’allée des Veuves, fut consolidé avec des planches, puis deux ans plus tard, un cirque en bois fut érigé.
Louis Dejean demanda à l’architecte Jacques Hittorff de construire sur les Champs-Elysées, à la hauteur de l’avenue Matignon, sur un terrain concédé par la Ville pour une période de 99 ans, un bâtiment monumental en pierre.
Bâti selon un polygone de 16 côtés, le cirque mesurait 42 mètres de diamètre, et était doté d’une piste de 13,50 mètres. La hauteur était de 20 mètres. La charpente, d’une grande simplicité était un chef-d’œuvre du genre. On devait le fronton et la statue équestre à Pradier et les bas-reliefs à Duret et Bosi.
Ce monument dont la décoration avait été inspirée des temples de l’Antiquité fut une totale réussite. Il allait inspirer de nombreuses imitations tant en France qu’à l’étranger. Alors que les manèges et amphithéâtres précédents étaient de forme rectangulaire, pour la première fois en France, un cirque était construit en rond.
L’âge d’or des écuyères
L’ouverture se fit le 3 juin 1841. Tout de suite, ce temple du cheval fut le rendez-vous de la haute société parisienne, où le spectacle était autant dans la salle que sur la piste.
Ce fut l’âge d’or des écuyères comme Caroline Loyo, Pauline Cuzent, Coralie Ducos, Palmyre Anato, Virginie Kenebel, et bien d’autres qui enflammèrent les cœurs des dandys du Jockey club. Dans ce paradis du cheval, le célèbre François Baucher s’imposa comme le Maître incontesté de la haute école. Les maîtres de manège eurent pour nom Jean-Léonard Houcke, Théodore et Léopold Loyal.
La troupe de Louis Dejean représentait l’élite du Gotha du Cirque. Seules, celles d’Ernst Renz, à Berlin, et de Ciniselli à Saint-Petersbourg, pouvaient lui être comparées.
Palmyre Anato au Cirque des Champs-Elysées
Un lustre monumental au Cirque des Champs-Elysées
En juin 1843, les chandelles furent remplacées par l’éclairage au gaz. Un lustre monumental trônait au-dessus de la piste, tandis que seize autres lustres éclairaient la salle. L’année suivante, Louis Dejean laissa la direction à Jules Gallois. Celui-ci dut abandonner trois ans plus tard, et Louis Dejean reprit l’affaire en main.
De nombreux artistes venus du monde entier s’illustrèrent, comme Risley, le créateur des jeux icariens, l’écuyère Elvira Guerra, les dompteurs Thomas Batty et James Crockett, les éléphants de Lockhart, les acrobates américains Hanlon, la belle Océana, les cavaleries Wulff, Corradini ou Schumann…
Au fil du temps, ce haut lieu parisien s’intitula Cirque National des Champs-Elysées sous Louis Philippe, Cirque National de Paris de 1848 à 1852, Cirque de l’Impératrice sous Napoléon III, Puis repris sa dénomination première après la guerre de 1870, et s’appela sept ans plus tard le Cirque d’Eté.
Cette piste prestigieuse reçut des attractions nouvelles comme le dompteur Carter ou le voltigeur à la corde volante Hiram Franklin.
Puis, Louis Dejean céda la direction à son fils Eugène, en juillet 1856. Les spectacles se succédèrent avec des artistes de renom comme l’acrobate Couture, les clowns musiciens Daniels, les écuyers Fernando, Tony, Pfau ou les chevaux en liberté de Théodore Loyal.
Des chandelles à l’électricité
Plus tard, en 1873, Dejean confia la direction à Victor Franconi qui passa ensuite, le relais à son fils Charles.
Les belles écuyères comme Virginie Léonard, Emilie et Clotilde Loisset étaient toujours à l’honneur, les maître écuyers Fillis, Gautier, et Vidal impressionnaient le beau monde avec leur haute école, et Bill Hayden amusait le public des habitués. Les étoiles du cirque de l’époque, du fildefériste Wainratta à Océana, furent fêtées et honorées, ce qui n’empêcha pas des artistes de moindre renommée de se faire connaître, comme les Fratellini, en 1879.
En 1892, la fée électricité remplaça le gaz d’éclairage, et un tapis de coco recouvrit la piste.
Des pantomimes à grand spectacle furent montées comme Nez-rond, en 1891, Le lycée sans gêne, en 1895, ou Robert Macaire, en 1896. Charles Franconi vendit le cirque en 1899, à une société de spectacles qui déposa son bilan quelque temps plus tard.
Le Cirque des Champs Elysées, chef-d’œuvre d’Hittorff, fut démoli l’année suivante. Toute une époque venait de s’éteindre… Un cirque allait renaître sur le même emplacement. Des travaux furent entrepris pour construire le Cirque Palace, mais la société à l’origine de ce projet fit faillite. Tout fut rasé.
Le seul souvenir est la plaque de l’ancienne rue de Joinville qui porte fièrement le nom de rue du Cirque.
Extrait de : Cirques en bois, cirques en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis – (deux volumes) – Arts des 2 Mondes – 2003. (en cours de réédition).
Sources : Cirque des Champs-Elysées
- Le Figaro – 30 juin 1835 – 1 juillet 1835.
- Les Coulisses – 10 juillet t 24 juin 1841.
- Notes Thomas Moret – Paul Haynon – les demoiselles Vesque.
- Le Cirque et ses Etoiles – Tristan Rémy – p 46.
- Architectures du Cirque – Des origines à nos jours – Christian Dupavillon – p 53 à 55.
- Histoire Illustrée des Cirques Parisiens – Adrian
- Le Cirque Franconi – Une chambrière en retraite.
- La dynastie des Franconi – Tristan Rémy – Le Cirque dans l’Univers – n° 76.
- Les cirques stables en France (1900-1950) – Alfred Court – Le Cirque dans l’Univers – n° 15.
- L’Illustration – 1844.
- Le Magasin Pittoresque – juin 1844.
- Le Charivari – 1845.
- Le Moniteur – 11 juin 1846.
- Louis Dejean – Henry Thétard – Music-Hall – n° 90.
- Eugène Dejean – Martin Saint-Yre – Le Cirque dans l’Univers – n° 64.
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