L’histoire des premiers Voltigeurs à cheval dans le monde débuta il y a des milliers d’années.
Voltigeurs à cheval venus des steppes
L’art de la voltige à cheval – un art militaire – fut pratiqué du V ème siècle avant notre ère par les cavaliers nomades des steppes eurasiatiques venant d’immenses territoires situés entre l’Ukraine et la Mandchourie. Par leur agilité, leur vélocité et leur hardiesse, ces cavaliers altaïques, Huns, Mongols ou Mandchous ont marqué l’histoire du monde.
Dans l’Antiquité grecque, des acrobates, appelés metabate, se spécialisèrent dans les exercices de voltige à cheval. À l’époque romaine, ces mêmes artistes d’agilité furent dénommés desultor. En Chine, sous la dynastie des Han, comme le prouvent des peintures rupestres de l’époque, la voltige équestre était également pratiquée. Au X ème siècle, elle s’appelait Le spectacle des singes jockeys. D’autre part, on peut voir sur un bas-relief datant du XII ème siècle du temple d’Angkor la représentation d’un écuyer debout sur sa monture.
La virtuosité équestre
Dans l’empire Ottoman, les mamelouks avaient à leur disposition des manuels, inspirés des traités de la Grèce antique. Un de ces ouvrages appelé le furûsiyya, explique comment le cavalier doit se tenir en équilibre debout sur les lames de deux sabres posés sur la selle de son cheval, tout en manipulant une lance dans chaque main.
En France, les premiers exploits d’un acrobate à cheval, dont le nom n’est pas passé à la postérité, furent relatés à l’occasion des noces de Robert d’Artois, le frère de Saint-Louis.
Au siècle suivant, en Angleterre, Peter Tremesin donna une représentation de voltige à cheval devant le Roi Henry VIII.
Michel de Montaigne décrivit, dans son journal, les exercices équestres d’un Italien qui se produisit, le 8 octobre 1581, dans les Thermes de Dioclétien. L’année suivante, le chroniqueur Pierre de l’Etoile écrivit dans ses mémoires que Plavini, un écuyer de Bologne, se produisit devant le Roi Henri III, puis s’installa au mois d’août, à Paris, à la Foire Saint-Germain et à la Porte de Buci.
Traités pour les Voltigeurs à cheval
En 1584, parut à Londres un traité intitulé The Art of Riding, sous la signature de John Astley… soit un siècle avant la création du spectacle de Cirque. Pour l’acrobatie au sol, fut édité en 1599, le mythique Trois dialogues de l’exercice de sauter et voltiger en l’air écrit par Archange Tuccaro de l’Abruzzo.
En France, Antoine de Pluvinel se distingua à la Cour du Roi Louis XIII et laissa après sa mort, survenue en 1620, un livre sur l’équitation. L’écuyer Giocondo Baluda écrivit en 1630, un traité de voltige intitulé Trattato del modo di volteggiare e saltare il cavalo di legno , tandis que des manèges ouvraient leurs portes dans les grandes villes européennes
Voltigeurs à cheval et acrobaties équestres
Au mois de mai 1647, à Nuremberg, l’acrobate Christian Müller-Kamin se tenait en équilibre sur un avant-bras sur la selle de sa monture. Enfin en 1652, William Stokes écrivit un traité sur l’art de sauter : The Vaulting Master.
Dans son livre Circus Life and Circus Celebrities, l’historien Thomas Frost cite l’acrobate Thomas Simpson qui voltigeait à cheval en 1702.
Au milieu du XVIII ème siècle, à Paris, le Sieur Jean Brilla, brillant artiste d’agilité, marié avec Hélène Restier, se tenait en équilibre de tête sur la selle d’un cheval à l’arrêt. À la même époque, en Chine, des cavaliers Mandchous et Mongols présentaient également des exhibitions de voltige.
Spectacles de voltige à cheval
La voltige équestre de spectacle prit son essor en Angleterre, à partir de 1758, avec les démonstrations de Thomas Johnson, surnommé le Tartare Irlandais. Cet hardi écuyer se produisait à Islington dans un champ attenant à l’auberge The Three Hats.
Son exhibition comprenait de trois figures principales : debout sur un seul pied sur la selle de sa monture, galopant ensuite debout sur deux puis trois chevaux. À peine deux ans plus tard, Bates, Price, et Samson, brillèrent avec leur tour avec leur voltige à cheval.
Jacob Bates, dénommé le Piqueur anglois, se tenait debout sur trois chevaux, et excellait dans plusieurs exercices de voltige. En 1763, se rendit à Saint-Pétersbourg, puis voyagea dans les états germaniques, et les Pays Bas. Quatre ans plus tard, il se produisit à Rouen puis à Paris. Il visita ensuite les pays scandinaves, la Suisse, et le Portugal.
À Dobney Garden
Price, qui fut le héros de Dobney Garden en 1767. fut un des premiers à pratiquer la voltige à rebours, les sauts pardessus une barre, la suspension par un jarret renversé en arrière et une élévation à deux porteurs avec un enfant voltigeur. Debout sur son cheval, comme exercice de jonglerie, il faisait tourner une assiette sur une tige tenue dans chaque main.
La même année, Sampson, surnommé Old Sampson se produisit également à Dobney Garden.
Le succès des Voltigeurs à cheval dans le monde
Le succès de ces audacieux cavaliers fut tel, que le dénommé Philip Astley (1742-1814), ex-sergent-major de dragons légers (un homonyme de l’écuyer John Astley auteur de The Art of Riding) décida de les égaler, et pour cela, devint l’élève de l’écuyer Johnson. En 1768, il présenta, dans son école d’équitation, à Halfpenny Hatch, ses exercices équestres. Pour étoffer son spectacle, il fit appel à des artistes pratiquant des disciplines différentes comme des funambules, acrobates et comiques. Le concept du cirque moderne venait d’être créé. En septembre de cette même année, Wolton se produisit également à Londres. Avec son épouse, il partit ensuite en Espagne puis dans les états germaniques.
Partout, les voltigeurs à cheval obtenaient un accueil chaleureux. En France, en 1769, Dupaty de Clam écrivit un nouvel ouvrage sur l’art équestre. À Londres, l’écuyer Charles Hugues devint, en 1771, la vedette chez Astley puis, s’établit à son compte. D’autres comme Balp, Potts, Wilhelm Wear ou John Hyam et mademoiselle Masson, partaient à la conquête des publics européens. De leur côté, Jacob Sharpe, Faulks et Jacob Bates, s’embarquaient vers le Nouveau Monde.
Une nouvelle génération
Une nouvelle génération d’artistes équestres se lança à l’assaut du public germanique friand de ces exploits, comme Ludwig Gast en 1776, et l’année suivante, le cavalier anglais Herr André, avec douze personnes. Parker et sa pupille séjourna à Gand en juin 1779. En 1780, Jacob Watson vint à Nuremberg, Luigi Chiarini se produisit à Francfort accompagné d’une troupe de trente personnes, tandis que Juan Porté brillait à Vienne.
Plus tard, dans la capitale de l’empire Austro-Hongrois, Peter Mahyeu, originaire de Liège, qui avait travaillé en tant que piqueur à la Cour d’Espagne, dirigea sa propre troupe équestre. Il forma de brillants écuyers comme Brilloff, Christoph de Bach et Johann Hinné qui devinrent, à leur tour, des directeurs de cirque de premier plan.
Antonio Franconi
En France, Antonio Franconi inspiré par le succès d’Astley et de Balp, présenta en 1785 à Lyon, un spectacle équestre, intitulé Le combat et la mort de Malborough.
Enfin, Thomas Pool, en 1785, puis John Bill Rickett, en 1793 se produisirent en Amérique du nord, tandis qu’en Argentine, Joaquim Olaez y Gactua qui était à la fois voltigeur, jongleur et prestidigitateur donnait ses premières représentations.
Dominique Denis
Sources
- Voltigeurs à cheval venus des steppes
- Les Jongleurs à cheval par Dominique Denis
- Dossiers chronologiques de l’auteur.
- Chronologie universelle – Jacques Boudet.
- Les empires nomades – Gérard Chaliand.
- Les Kmers – Madeleine Giteau.
- Le cheval et la guerre – Collectif.
- L’Acrobatie et les Acrobates – Georges Strehly.
- Dictionnaire Latin-Français – Félix Gaffiot.
- Dictionnaire illustré des mots et locutions du Cirque – Dominique Denis.
- Chinese Acrobatics – Chi Zhu & Fu Qifeng.
- Chevaux et cavaliers arabes – Collectif.
- Exploits d’un gymnaste – François Rabelais.
- Journal de voyage – Michel de Montaigne.
- Le vieux Paris – Victor Fournel.
- Traités de voltige à cheval
- Les jongleurs à cheval – Dominique Denis.
- Dictionnaire illustré des mots et locutions du Cirque – Dominique Denis.
- The Art of Riding, Set Foorth in e Breefe Tratise.
- Trois dialogues de l’exercice de sauter et voltiger en l’air – Archange Tuccaro de l’Abruzzo.
- Alledged out of Xenophon abd Gryson – John Astley.
- Trattato del modo di volteggiare e saltare il cavalo di legno – Giocondo Baluda.
- The Vaulting Master – William Stokes – 1652.
- Christian Müller – B. Barell – Das Organ.
- Circus Life and Circus Celebrities – Thomas Frost.
- Affiche du Sieur Brilla.
- Cours d’équitation militaire à l’usage des troupes à cheval – Dubosse.
Sources – suite
- Spectacles de voltige à cheval
- Circus Life and Circus Celebrities – Thomas Frost.
- Greatest show on earth – Willson Disher.
- The First Circus – Joan Selby-Lowndes.
- Das Busch vom Zirkus – Joseph Halperson.
- Le succès des voltigeurs à cheval dans le monde
- Le Cirque en France au XVIII ème siècle – Dominique Denis
- Les premiers écuyers – Joseph Halperson – Music-Hall and Circus – n° 72.
- La Merveilleuse Histoire du Cirque – Henry Thétard.
- Les origines du Cirque Moderne-– Henry Thétard – Le Sport Universel Illustré.
- Le cirque et ses étoiles – Tristan Rémy.
- Les Histoires de Cirque de Lewis-James Pinder dit Arthur – Jacques Garnier.
- Histoire Mondiale du Cirque – Dominique Jando.
- Philip Astley – Bobby Barell – Das Organ – mai 1968.
- The Sawdust Ring – Rupert Croft-Cooke and W. S. Meadmore.
- Storia del circo – Allessandro Cervelatti.
- Le Cirque commence à cheval – Adrian.
- Antonio Franconi dans la vie et les spectacles à Rouen – Christian Oger;
- Gent Circusstad – André De Poorter.
- Propos sur le cirque équestre – Harry Nutkins – Le Cirque dans l’Univers – n° 44.
- La piste et la voltige – Robert Mulle – Le Cirque dans l’Univers – n° 27.
- Voltige et acrobatie à cheval – Le Cirque dans l’Univers – n° 22 – 23.
- Cirkus-Archäologie – Hermann Saguemüller.