Le premier établissement à s’appeler cirque fut le Royal Circus and Equestrian Philharmonic Academy de Charles Hughes et Charles Dibdin, en 1782.
la façade : The Royal Circus

The Royal Circus

Le mot : Circus
Charles Dibdin par Thomas Phillips - Royal Circus

Charles Dibdin par Thomas Phillips

Il est indéniable que Philip Astley fut le créateur du concept du spectacle de cirque en 1768. Cependant, les établissements dans lesquels se déroulaient ses représentations s’appelaient des amphithéâtres, comme The Amphitheatre Riding House de Londres, L’Amphithéâtre Anglais de Paris, ou The Astley’s Amphitheatre of the Arts.

Il fallut attendre l’année 1782 pour qu’un tel établissement prenne le nom de cirque. Il s’agissait du Royal Circus and Equestrian Philharmonic Academy de Charles Hughes. Ce nom fut choisie par Charles Dibdin, l’associé de Charles Hughes, en référence à l’allée circulaire de Hyde Park de la capitale, où les nobles se promenaient à cheval, appelée Ring ou encore Circus, désignant une place ronde.

Ce mot anglais circus, même s’il est d’origine latine, n’a donc peu de rapport avec l’hippodrome romain de l’antiquité, comme le circus Maximus, et encore moins avec l’arène, telle le Colisée.

Charles Hugues, une force de la nature
Affiche Charles Hugues - Royal Circus

Affiche de Charles Hugues en France

Henry Thétard, dans La Merveilleuse Histoire du Cirque décrivait Charles Hugues comme d’un colosse d’une prestance magnifique. Il fut engagé chez Astley en 1771. Agé de 24 ans (il était né en 1747), doté d’une forte personnalité, il se sentit de taille à concurrencer Astley, et l’année suivante, le 23 avril, il ouvrit à Londres école d’équitation en plein air à Blackfriars Bridge : The British Horse Academy.

Il donnait également des représentations équestres. sa troupe était composée de Clementina Sobieska et miss Huntly, qui se tenaient debout sur trois chevaux, un jeune gentleman et une fillette de huit ans.

Sur le Continent
Charles Hugues dans les états italiens - Royal Circus

Charles Hugues dans les états italiens

Délaissant les brumes londoniennes, Charles Hugues préféra, en 1773, se lancer à l’assaut du Continent. Une affiche en français, annonçant Course de chevaux, indiquait qu’il s’était produit devant sa Majesté Britannique ainsi qu’à la Cour de France à Versailles. Le spectacle comprenait essentiellement des exercices de voltige équestre ainsi que des intermèdes comiques comme l’entrée du tailleur ou du matelot anglais ivre.

Après la France, Charles Hugues visita les états germaniques, les royaumes de Naples et de Sardaigne, l’Espagne, le Portugal et le Maroc.

Royal Circus and Equestrian Philharmonic Academy
scène équestre à l'Intérieur du Royal Circus

Intérieur du Royal Circus

De retour à Londres à l’été 1782, Charles Hugues s’associa avec l’auteur dramatique Charles Dibdin. Originaire de Southampton, Charles Dibdin (1745 – 1814) était connu à Londres pour ses pièces de théâtre, ses romans et surtout pour ses chansons qui avaient la faveur du public. Il avait également dirigé un théâtre à Leicester Square.

Le Royal Circus and Equestrian Philharmonic Academy, situé situé 124 Blackfriars Road, à St George Field, était un élégant bâtiment. La salle était circulaire avec une piste pour les exercices équestres. Charles Dibdin y fit ajouter une scène pour y ajouter des ensembles théâtraux et des pantomimes. Les portes ouvraient à quatre heures de l’après-midi. La troupe était composée d’une soixantaine de jeunes artistes sous la direction de Signor Giuseppe Grimaldi, dit Jambe de fer.

La première

La première eut lieu le 4 novembre 1782. Au mois d’octobre, la licence d’exploitation ne leur fut pas renouvelée, mais après maintes tractations, les spectacles purent reprendre quelques jours en décembre.

Il signor Maccaroni - Royal Circus

Charles Hugues interprétant Il signor Maccaroni

En mars 1783, Charles Hugues anima la scène équestre comique du Marin à cheval en direction de Portsmouth, ainsi que celle du Tailleur Maccaroni allant à Paris. Charles Dibdin avait la haute main sur la partie théâtrale du spectacle mais, au bout de trois ans, se sépara de son associé.

Royal Circus de Londres à Saint-Petersbourg

S’inspirant de l’actualité, Charles Hugues mit à l’affiche du Royal Circus en 1789, une pantomime intitulée La Bastille. De nouveaux voltigeurs et acrobates de qualité vinrent renforcer la troupe en 1793, comme Crossman, Porter, Frankin, Smith, Ingham, Peter Ducrow, Meredith, Allers, Jones, Benge, Quin et Francis. Les pantomimes se succédaient comme La chasse à cour à Windsor avec un cerf, un renard et une meute de chiens, qui fut un grand succès.

Catherine II par Fedor Rokotov - Royal Circus

Catherine II par Fedor Rokotov

Toujours en quête d’aventures et de sensations fortes, Charles Hugues quitta Londres et se rendit à la cour de Catherine II Saint-Peterbourg puis à Moscou, où il séjourna pendant une année.

À Londres

En 1796, la direction du Royal Circus à Londres, appartenant à la famille West,  fut reprise par James Jones. Âgé de 50 ans, Charles Hugues décéda le 7 décembre 1797. En 1805, le Royal Circus fut détruit par un incendie.

Homme de caractère et énergique, remarquable voltigeur équestre, Charles Hugues peut être considéré comme un des pères fondateurs du Cirque. Le Royal Circus de Londres fut le premier établissement de spectacle équestre à s’appeler un cirque.

Dominique Denis
Sources
  • Le mot : Circus
  • Dictionnaire illustré des mots et locutions du Cirque – Dominique Denis.
  • Encyclopédie du Cirque – Dominique Denis.
  • Charles Hugues, une force de la nature
  • La Merveilleuse Histoire du CirqueHenry Thétard.
  • Greatest show on earth – M. Willson Disher.
  • The Circus – Isaac J. Greenwood.
  • The First Circus – Joan Selby-Lowndes.
  • À la recherche d’une identité  : le cirque et le théâtre en Angleterre et en France (1768 et 1864) – Caroline Hodak-Druel et Marius Kwint – L’Annuaire théâtral – n° 32.
  • Sources – suite
  • Royal Circus and Equestrian Philharmonic Academy
  • Greatest show on earth – M. Willson Disher.
  • The Circus – Isaac J. Greenwood.
  • The Circus Book – Croft-Cooke Ruppert.
  • Royal Circus de Londres à Saint-Petersbourg
  • Greatest show on earth – M. Willson Disher.
  • The Circus – Isaac J. Greenwood.
  • The Circus Book – Croft-Cooke Ruppert.
  • A seat at the circus – Antony Hippisley Coxe.
  • Enter foot and horse – A history of hippodrama in England and France – A. H. Saxon.
  • Victorian Arena – The Performers – John Turner.
  • The Memoirs of J. Decastro, comedian – Jacob Decastro – p 152.
À lire :
Encyclopédie du Cirque

Encyclopédie du Cirque

  • Encyclopédie du Cirque – Dominique Denis – Arts des 2 mondes – version e book – Paris –
  • Greatest show on earth – M. Willson Disher – London – G. Bell and Son – 1937.
  • La Merveilleuse Histoire du CirqueHenry Thétard – Prisma – trois volumes – 1947.
  • The Circus – Isaac J. Greenwood – New York – Burt Franklin – 1898.
  • The Circus Book – Croft-Cooke Ruppert – London – Sampson Low, Marston & Co.
  • The First Circus – Joan Selby-Lowndes – Lutterworth – 1957.
  • Victorian Arena – The Performers – John Turner – 2 volumes – Liverpool – Lingdales Press – 1995-2000.