Eléphants au Cirque : Rétrospective des pachydermes, seuls ou en troupeaux, qui se sont produits dans les cirques du monde entier.
Premiers éléphants au Cirque
Ces animaux spectaculaires – mammifères proboscidiens – sont originaires d’Asie ou d’Afrique. Bon nombre des éléphants (ce mot désigne autant un mâle qu’une femelle) présentés dans les cirques viennent de Ceylan ou de l’Assam. Les pachydermes indiens se distinguent par leurs oreilles, plutôt petites, leur front concave et bosselé et leur trompe terminée par un seul lobe digitiforme. Ils sont réputés pour leur mémoire exceptionnelle. Les éléphants africains sont généralement plus grands que les asiatiques, avec une tête légèrement moins grosse, le front convexe et les oreilles plus larges.
Des auteurs latins de l’antiquité tels Pline ou Suétone, ont décrit des scènes de dressage de ces mastodontes. Pendant longtemps, au Cirque, ils ont joué un rôle multiple. Ils étaient affectés au chargement et au déchargement des trains, aidaient au transport de matériel lourd du chapiteau, défilaient pour les parades, et présentaient enfin leur numéro.
Dans l’argot circassien américain, assez curieusement, un éléphant est appelé bull, ce qui signifie en langage courant un taureau. Les cornacs sont appelés des bull men.
Le premier éléphant célèbre au Cirque fut Baba, présenté par Laurent Franconi, en 1812. Il débouchait une bouteille, attrapait avec sa trompe des pommes lancées au vol et tournait la manivelle d’un orgue de Barbarie. En 1828, Ducrow engagea sur la piste d’Astley, un éléphant de la ménagerie Cross. L’année suivante, Miss Djeck, présentée par Huguet de Massilia, fit ses débuts au Cirque Olympique, dans une pantomime intitulée l’éléphant du roi de Siam.
À la même époque, Hackaliah Bailey, avec Old Bet, lança la mode des pachydermes en Amérique. En 1854, Cooke présenta au Cirque Napoléon à Paris deux éléphants qui, pour la première fois dans un cirque, exécutaient de véritables exercices, tel se mettre debout sur les pattes arrières ou former des pyramides.
Eléphants vedettes
Au Cirque américain Myers, à Paris en 1873, John Cooper amena un troupeau de six pachydermes. Avec un troupeau équivalent, Ephraïm Thomson devint une vedette à l’Hippodrome de l’Alma.
Les frères Georges et Sam Lockhart, à leur tour devinrent célèbres avec Sel, Poivre, Moutarde et Sauce, qu’ils avaient ramenés des Indes.
Aux U.S.A., les éléphants ravirent la vedette aux chevaux. Le Cirque Barnum exhiba un troupeau de dix-neuf éléments.
En Europe, au début du XXème siècle, Hans Stosch Sarrasani, en personne, conduisait un troupeau de vingt-deux éléphants, tandis que son concurrent direct Carl Krone en dirigeait vingt-cinq.
Le Cirque tchèque Kludsky, le roumain Sidoli, et l’allemand Hagenbeck, présentèrent, eux aussi, un nombre impressionnant de pachydermes.
Ballet d’éléphants
Sur le nouveau continent, les frères Ringling, en 1925, firent défiler quarante pachydermes sur leurs trois pistes. En 1942, à New-York, ils se surpassèrent avec un étonnant ballet réunissant 50 girls et 50 éléphants, dirigés par Walter MacLain, sur une musique d’Igor Stravinsky et une chorégraphie créée par George Balanchine. Les cirques américains recherchaient des effets de masse, des défilés spectaculaires et des ballets d’ensemble agrémentés de ballerines chevauchant ces mastodontes.
Les Européens, eux, cherchèrent à obtenir des effets acrobatiques ou de comédie. Rossi se distingua avec ses élèves musiciens, Power avec ses éléphants danseurs et Fischer avec ses petites comédies animales. Cependant, certains directeurs ne restèrent pas insensibles aux effets du gigantisme. En France, Amar, du temps de son apogée, possédait un magnifique troupeau de seize, puis vingt éléments.
Après la deuxième guerre mondiale, Franz Althoff, en Allemagne, dirigea, dans son cirque géant, un magnifique troupeau de quinze bêtes. Rolph Knie Senior présenta un groupe de sept éléphants d’Afrique en 1956.
Carola Williams-Althoff rassembla un groupe de treize, avec en vedette, Kongo. Ce troupeau, augmenté de six autres éléments, dirigé par Gunther Gebel, fut engagé au Ringling Bros and Barnum & Bailey Circus, en 1969.
Sauts à la bascule sur éléphants
En 1954, Schreiber effectuait un saut à la bascule pour retomber sur le dos d’un éléphant. Ce trick fut repris par Banda Vidane, puis par Gunther Gebel, en 1960. Mitko Dimitrov, quant à lui, tournait un double saut périlleux, pour arriver en deuxième hauteur sur les épaules de Franco Knie, debout sur le dos d’un pachyderme. Cristel Sembach Krone, en 1970, promena son élève à motocyclette.
Dans les années 1975, les Richter montèrent à leur tour un prodigieux numéro d’acrobaties avec des éléphants. En Grande-Bretagne, Bobby Roberts présenta ses bêtes avec une incroyable rapidité, tandis que Dick Chipperfield dirigeait un troupeau de quinze éléments.
En Russie, Dolores et Mstislav Zapashny firent cohabiter un tigre et un éléphant, et la famille Kornilov monta la pantomime Le tour du monde en 80 minutes pour mettre en valeur ses élèves. En 1975, Louis Knie présenta trois tigres chevauchant des éléphants. En Italie, Darix Togni dirigea quinze pachydermes, et Bruno et Willy Togni menèrent jusqu’à vingt de ces mastodontes sur la piste géante du Circo Americano.
Eléphants lauréats des festivals
À partir de 1982, la famille Woodcock s’est imposée au Big Apple Circus avec des présentations dynamiques. Au Cirque Knie, en 1983, Germaine et Franco Knie exécutèrent un pas de deux sur leurs éléphants. La personnalité du dresseur est un élément essentiel pour la réussite d’un numéro, comme l’a prouvé Patricia Zerbini chez Krone en 1998.
Les Parisiens, en 1999, purent apprécier les exploits de Flora, le footballeur des Kornilov. Avec charme, Amadeo Folco dirigeait ses élèves uniquement à la voix, à la Grande Fête de Lille, en 2001.
Dix ans plus tard, Flavio Togni recevait la récompense suprême au Festival International du Cirque de Monte-Carlo pour ses ensembles avec éléphants, chevaux, exotiques et fauves. Cette même année, l’imposant Colonel Joe, qui pesait plus de deux tonnes, présenté par James Puydebois, était la vedette du Cirque Krone, après une longue carrière tant en Amérique qu’en Europe. Il mourut le 1er mai 2012, suite à l’infection d’une patte.
La famille Casartelli triompha en 2007 au Festival de Monte-Carlo avec un groupe composé de pachydermes africains, un kangourou et deux girafes.
La troupe Cassely présenta à la Grande Fête Lilloise du Cirque, en 2012, un époustouflant numéro d’acrobaties avec ses éléphants, au cours duquel René Junior tournait un triple saut périlleux à la bascule. Le public parisien put les applaudir au Cirque d’Hiver Bouglione pour la saison 2015/2016, ainsi qu’à Monaco lors du 40ème Festival International du Cirque.
À Moscou, Dementiev Kornilov anima un magnifique Carnaval des Éléphants.
Le mystère des élephants géants
Au Cirque Nikulin de Moscou, en septembre 2016, à l’occasion du quinzième festival international des arts du cirque, Anastasia et Andrey Dementiev Kornilov ont présenté un numéro époustouflant intitulé Le mystère des élephants géants. Autant fabuleux, qu’incroyables, durant vingtaine de minutes, ces mastodontes, souvent non accompagnés, multipliaient leurs exercices à rythme soutenu, le tout dans une mise en scène féerique au milieu de danseurs et danseuses.
De mémoire de circassien, jamais on n’avait vu une telle attraction !
Adaptation de : l’Encyclopédie du Cirque – Dominique Denis – version e book – Arts des 2 Mondes – 2013.
Vidéo :
Sources
- Eléphant : A. A. – G. Strehly – p 22.
- H. C. – H. Thétard – p 426.
- H. I. C. P. – Adrian – p 26-30.
- Dresseurs et dompteurs – H. Tièche – G. L. C. Vol II – p 262 à 272.
- Forains d’hier et d’aujourd’hui – J. Garnier – p 142.
- Le Cirque Fernando – T. Rémy – p 67
- American Circus – J. & A. Durant – p 86 à 90.
- L. J. Pinder – J. Garnier – p 115.
- Le sens de l’équilibre – Adrian – p 126.
- La Gazette de l’éléphant – n° 12-21.
- Programme du Ringling Bros and Barnum & Bailey Circus 1975 .
- L. – J. Baudez – n ° 136 – p 339.
- Le cirque à l’ancienne N. Delvaux – p 74.
- Le cirque Krone – C. Jovenin. – Bretagne Circus – n° 91.
- Knie – Circus Collection.
- Salut, Colonel Jo ! – C. Hamel – Le Cirque dans l’Univers – n° 245.
- Flora, le footballeur des Kornilov.
- Les éléphants au Cirque – C. Hamel.
- Programme Cirque d’Hiver Bouglione – 2015.
- Programmes Festival International de Monte-Carlo.
- Kornilov – Circopedia.
A lire :
- Eléphants du Voyage – George Lewis & Byron Fish – Ed. André Bonne – Paris – 1956.
- L’éléphant – Mythes et Réalités – Karl Gröning – Könemann – 1999.
- Encyclopédie du Cirque – Dominique Denis – version e book – Arts des 2 Mondes – 2013.
- Les éléphants au Cirque – Christian Hamel – L’Aventure Carto – Etel – 2001.