Hagenbeck, la célèbre firme d’Hambourg créée en 1848 par Gottfreid Claus Hagenbeck reste la plus grande référence en matière de zoo, de dressage et de cirque animalier.
À Hambourg
Gottfried Claus Hagenbeck (1810-1887), marchand de poisson à Hambourg, acquit quelques jeunes phoques ramenés par des pêcheurs de la Mer du Nord. Puis il acheta un ours blanc qu’il revendit avec bénéfice. Il décida alors de se consacrer à ce nouveau commerce, et le 21 mars 1848, fonda Spielbudenplatz la firme Hagenbeck, spécialisée dans la vente d’animaux polaires et exotiques. Il eut deux fils Carl (1844-1913) et Wilhelm (1850-1910) qui tous deux eurent la même passion des animaux.
Carl voyagea en Europe pour commercer avec les zoos et les ménageries. L’époque était particulièrement favorable, à l’heure où la nation allemande était en voie de constitution. Des jardins zoologiques se créaient à Cologne, Dresde, Francfort, sans compter ceux des capitales européennes et les ménageries itinérantes qui se multipliaient. Négociateur remarquable, Carl acquérait les collections d’animaux d’entreprises en faillite et les revendaient aux nouveaux entrepreneurs. Ainsi il acheta des ménageries entières comme celle de Scholz, Renz, Kreutzberg ou encore les ours du dresseur américain Grizzly Adams.
Premiers spectacles
En 1864, Gottfried Hagenbeck s’installa sur un vaste terrain à l’emplacement du Nouveau Marché aux chevaux d’Hambourg. La firme recevait des animaux provenant du Soudan et de Nubie. Lorsque Gottfried Hagenbeck se retira des affaires, deux ans plus tard, son fils Carl prit en main l’entreprise et, en quelques années, la développa de façon spectaculaire. Il eut l’idée d’organiser des tournées de spectacles à caractère folklorique et ethnique, avec des Lapons, des Esquimaux ou des Cinghalais comme ceux que les Parisiens purent apprécier au Jardin d’Acclimatation en 1878. Six ans plus tard, il faisait venir de Ceylan un troupeau d’une soixantaine d’éléphants.
L’année suivante, Carl Hagenbeck créait son premier cirque, assisté de son beau-frère Heinrich Mehrman et de dompteurs exceptionnels comme List, Deyerling, Sawade, Schilling qui avaient adopté les méthodes de Wilhelm Hagenbeck, avec cependant un certain penchant pour l’utilisation de requisits tels les tabourets, pyramides, et bascules.
Wilhelm et Carl Hagenbeck
Wilhelm, le fils cadet de Gottfried Hagenbeck se consacra dès son plus jeune âge aux chevaux et au dressage d’ours et de fauves et, en 1878, il ouvrit son école de fauves, Spielbudenplatz. Assisté de Julius Seeth, il fut un véritable novateur en la matière avec la création du concept de la cage centrale composée de plusieurs panneaux de grilles métalliques démontables. On était loin des voitures-cages des forains…
Avec son frère Carl, il fut un des pionniers du dressage en douceur, en opposition avec la présentation en férocité pratiquée par les dompteurs des ménageries britanniques, comme Crockett ou Batty. Enfin, autre innovation : le dressage se pratiquait en équipe composée de plusieurs assistants. Wilhelm fut le premier dompteur à présenter des groupes importants d’ours blancs. En 1898, il rassembla dans la même cage douze ours blancs, un poney et deux grands dogues danois. On lui doit aussi la création de la descente des ours blancs à toboggan.
Les relations avec les autres cirques et ménageries furent fructueuses et l’on vit certains dompteurs qui passèrent d’un établissement à un autre. Certains comme Deyerling ou Henricksen séjournèrent longtemps chez Bostock, quant à Richard Sawade, il fut un des meilleurs ambassadeurs d’Hagenbeck.
La firme Hagenbeck
Le nom d’Hagenbeck brilla dans toute l’Europe. Ainsi les Parisiens furent subjugués par les entrées de cage exceptionnelles de Wilhelm Philadelphia ou Julius Seeth à l’Hippodrome de l’Alma, de Deyerling au Nouveau Cirque, de List au Jardin d’Acclimatation avec des lions écuyers, des tigres cyclistes et ours patineurs.
La Ménagerie Carl Hagenbeck fit sensation lors de l’Exposition de Chicago en 1893 ou à Saint-Louis en 1904. Les deux années suivantes, Carl loua son enseigne en Amérique du Nord, à Havlin et Tate, puis Benjamin Wallace reprit l’affaire et lança le Hagenbeck-Wallace Circus où s’illustra le fameux dompteur Clyde Beatty. En 1935, le cirque s’intitula Hagenbeck-Wallace & Forepaugh-Sells Bros Circus, appartenant à la famille Ringling. Entre-temps, en 1907, la firme Hagenbeck ouvrit au public le célèbre zoo de Stellingen. En Europe, le cirque de Carl Hagenbeck fut repris par ses deux fils Heinrich et Lorenz qui entreprirent des tournées en Amérique du Sud et en Extrême Orient.
De son côté Wilhelm Hagenbeck créa son propre cirque, qui fut dirigé par ses deux fils Carl II et Willy, qui, entre les deux guerres mondiales, tourna en France pendant quatre ans, et en Espagne pendant dix ans. Par la suite, le nom d’Hagenbeck fut utilisé comme enseigne par plusieurs directions.
Charles Degeldère
Extrait de Dompteurs et Dompteuses de la Belle Époque – Charles Degeldère – Arts des 2 Mondes – 2005. (Epuisé).
Sources
- Les dompteurs – Henry Thétard – Gallimard.
- Coulisses et secrets du cirque – Henry Thétard – Plon.
- Les Hagenbeck et le début du dressage moderne – Henry Thétard – Le Cirque dans l’Univers – n° 20.
- Ces bêtes que j’aimais tant – Lorenz Hagenbeck – Presses Pocket.
- Gekoooide vriendschap – Dick H. Vrieling – CC.
- Cirques en bois, Cirques en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis – Art des 2 Mondes – Volume 1.
- Two hundred years of the american circus – Tom Ogden – Facts on File.
- Manege frei – Ruth Malhotra – Harenberg.
- Les spectacles à la belle époque – Claude Dohet – SODIM – Bruxelles – 1976.
- Die Hohe Schule der Raubtierdressur – Hans-Jürgen und Rosemarie Tiede – Freizeit.
- La Merveilleuse Histoire du Cirque – Henry Thétard – Prisma.
- Le Grand Livre du Cirque – Monica J. Renevey – Edito-Service.
- Pour un soir, Willy Hagenbeck… Henry Thétard – Le Cirque dans l’Univers – n° 25.
- Un grand directeur : Willy Hagenbeck – Jacques Garnier – Le Cirque dans l’Univers – n° 42.
À lire :
- Les dompteurs – Henry Thétard – Gallimard.
- Coulisses et secrets du cirque – Henry Thétard – Plon.
- Ces bêtes que j’aimais tant – Lorenz Hagenbeck – Presses Pocket.
- Cirques en bois, Cirques en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis – Art des 2 Mondes – Volume 1.
- Two hundred years of the american circus – Tom Ogden – Facts on File.
- La Merveilleuse Histoire du Cirque – Henry Thétard – Prisma.
- Le Grand Livre du Cirque – Monica J. Renevey – Edito-Service.
- Dompteurs et Dompteuses de la Belle Époque – Charles Degeldère – Arts des 2 Mondes – 2005.