Les Etats Italiens furent le théâtre de nombreux spectacles équestres de l’antiquité au XVIIème siècle.
L’Art équestre
Héritiers de l’enseignement de la Grèce antique et suivant les préceptes de L’Art équestre de Xénophon, les Romains appréciaient non seulement les courses hippiques mais également les parades et les jeux équestres. Dans leurs écrits, quelques auteurs latins y ont fait allusion, comme Dion qui évoquait un carrousel organisé en 63 – avant notre ère – par le préteur Jules pour fêter la naissance d’Auguste. Suétone, quant à lui, relatait que Caligula avait été l’instigateur d’un spectacle équestre, organisé pour sa sœur Drusilla.
Du IVème au XVème siècle, à Byzance, devenue la capitale de l’Empire, l’hippodrome était le centre de la cité. En 1134, l’empereur Michel IV, envoya à Naples, qui faisait partie de l’Empire, sept écuyers qui y créèrent une académie.
Un spectacle équestre fut donné à Naples en 1452, à l’occasion du couronnement d’Alphonse Aragon avec Eleanor du Portugal. Toujours dans cette cité, Federico Grisone après avoir étudié les préceptes de Xénophon, enseigna son art à la noblesse. Il écrivit le traité Gli ordini di cavalcare. En 1534, Cesare Fiaschi, auteur également d’un ouvrage sur l’art équestre, fonda une académie à Ferrare qui allait influencer la cour française d’Henri II.
À Naples et Florence
À Naples, Giovanni Battista Pignatelli, en 1550, dirigea l’académie fondée par Grisone. Il eut comme élèves, entre autres, les grands maîtres de l’équitation française Salomon de la Broue et Antoine de Pluvinel.
À Florence, le 5 juillet 1558, pour fêter le mariage de Lucrèce de Medicis et d’Alphonse II d’Este, fut donné un carrousel au cours duquel les participants firent une démonstration de la quintaine ainsi que des joutes sarrasines, en s’inspirant des jeux importés par les Espagnols et les Portugais.
Plavini
Le premier voltigeur à cheval recensé fut le cavalier italien Plavini qui, le 8 octobre 1581, brilla dans ses exercices équestres. Ses exploits furent relatés par Montaigne dans son journal. Ce même cavalier, originaire de Bologne, selon Pierre de l’Etoile, s’était produit l’année suivante en France devant Henri III.
Toujours dans les Etats Italiens, le carrousel était devenu un spectacle particulièrement prisé à Florence, Parme, Modème ou Mantoue, au XVIIème siècle.
Le Théâtre Farnese
Le Grand Théâtre de Parme, appelé aussi le Théâtre Farnese, qui date de 1628, fut construit pour y accueillir, entre autres, des spectacles équestres. En forme de fer à cheval, il mesurait 87 mètres de longueur, 32 de largeur et 23 de hauteur.
Un siècle après sa création fut donné, à l’occasion du mariage d’Antonio Farnese avec Enrichetta d’Este : Carosello la nozze di Nettuno con Anfitrite sur un livret de Carlo Innocenzeo Frugoni, musique de Leonardo Vinci, et mise en scène de Sebastiano Galeotti.
Ansalone et Baluda
Antonino Ansalone, chevalier de la compagnia della Stella de Messine, édita, en 1629, un livre sur les jeux équestres.
Tandis que des manèges d’équitation ouvraient leurs portes dans les grandes villes européennes et dans les Etats Italiens, l’écuyer Giocondo Baluda écrivit en 1630, un traité de voltige, dont le titre Trattato del modo di volteggiare e saltare il cavalo di legno est sans ambiguité.
Il y eut encore dans les Etats Italiens des spectacles où le cheval était roi, comme le 28 février 1656 à Rome, organisé par le pape Alexandre VII en l’honneur de Christina de Suède qui s’était convertie au catholicisme, ou quatre ans plus tard, à l’occasion du mariage du duc de Parme avec la princesse Marguerite de Savoie.
Bates et Hugues
Infatigable voyageur, Jacob Bates, après la Scandinavie, les Etats Germaniques et l’Autriche, se produisit en 1770 à Vérone et Bologne.
Une affiche en italie, non datée, annonce les représentations de Charles Hugues au royaume de Naples et de Sardaigne.
Sans aucun doute, ces représentations équestres exceptionnelles furent annonciateurs des futurs spectacles de Cirque dans les Etats Italiens.
Dominique Denis
Sources : Premiers spectacles équestres dans les états italiens
Dossiers chronologiques de l’auteur.
À lire
Storia del circo – Raffaele de Titis – Bulzoni Editore – Roma – 2008.