Reine incontestée du trapèze, Maryse Begary reste encore aujourd’hui une artiste d’exception de l’Histoire du Cirque.
Une enfant aux cheveux d’o
Parrainée par Chrysis de la Grange, la petite Andrée Maryse Auclère, née à Paris le 20 février 1926, fit ses débuts le 21 avril 1939 au Cirque Medrano. Elle avait treize ans. Elève du grand Nicolas Marcoud, le père de Miss Fillis, qui lui enseigna tout ce qu’une trapéziste digne de ce nom devait savoir faire, elle se produisit sous le nom de son mentor. Certes, comme l’avait remarqué Henry Thétard, sa présentation laissait encore à désirer, cependant son travail pouvait être comparé à celui de Miss Fillis, ce qui, malgré tout, n’était pas un mince compliment. Deux plus tard, elle revenait sous la coupole du cirque montmartrois.
Dans le journal Comoedia, le grand chroniqueur Gustave Fréjaville notait :
« …Aujourd’hui cette enfant est devenue une merveilleuse jeune fille aux cheveux d’or, d’une grâce encore délicate, mais prête à s’épanouir, et son numéro, qui a gagné en mérite technique, est arrivé à ce moment d’éclat exceptionnel qu’il faut se hâter à saisir au cours d’une carrière et dont la perfection fugitive est d’un prix inestimable aux yeux des amateurs… »
Vue par Henry Thétard
Medrano l’engagea encore en octobre 1942, puis l’année suivante elle se produisit au Nouveau Cirque des Champs-Elysées dirigé par Albert Rancy. Henry Thétard écrivit un long article intitulé Les meilleures gymnases sont des françaises, dans la revue L’Illustration, dans lequel on pouvait lire :
«… Andrée Marcoud, elle, est presque encore une enfant. Elle a d’ailleurs débuté à l’âge où les petites filles font leur première communion… Mais quelle maîtrise déjà ! Sa montée de corde en planche roulée est un régal pour les connaisseurs et son équilibre de mains au trapèze, sans rival même pour ceux qui ont vu travailler la célèbre miss Fillis… »
Les Parisiens purent la revoir à la rentrée de septembre 1946 du Cirque d’Hiver. Elle passait en tant que simple attraction. Devenue une agréable jeune femme et ayant pris de l’assurance, elle sut se faire remarquer, notamment par l’excellent chroniqueur Yves-Bonnat qui écrivit :
« … Au trapèze, la jeune et jolie Andrée Marcoud réalise des records de souplesse et de force, qui suscitent alternativement l’admiration et l’effroi. Montée à la corde en une série cadencée de bras roulés, tenue pendant près d’une minute d’un équilibre sur les mains au trapèze, lente glissade sur les reins arrêtée par une impressionnante rattrape en jarrets, enfin feu d’artifice de piqués en l’air à quelque treize mètres du sol, ce sont là, en effet, prouesses peu ordinaires… »
La plus forte trapèziste de l’époque
Elle fut engagée pour la saison 1947 au fameux Bostok Circus dirigé par le quatuor Achille Zavatta, William Moore, Eléonore et Jean Figuier. Pour éviter toute confusion avec Raymonde Marcoud, elle se présenta sous le nom d’Andrée Auclaire – La plus jeune et la plus forte trapèziste de l’époque. Au cours de cette tournée, Andrée perfectionna sa presentation et fut réengagée pour l’année suivante, cette fois sous le nom d’Andrée Marcoud. Sur les annonces publicitaires, son nom était annoncé en aussi grosses lettres que les vedettes Alex et Zavatta.
Dans un article paru dans l’Inter-Forain, le journaliste Pierre Paret n’hésita pas à écrire qu’elle était la meilleure trapéziste française actuelle. Entre-temps, elle se maria avec Franz Begary qui était pilote dans l’armée de l’air.
Equilibre de mains
Après un passage au Cirque d’Hiver Bouglione, en mars 1949, Andrée, qui avait pris définitivement le nom de Maryse Begary, fut engagée à nouveau pour la saison par Achille Zavatta, qui troqué le nom de Bostok contre celui de Zoo Circus. Pour les fêtes de fin d’année, sous le nom de Maryse, elle se produisit en duo, avec Alma Piaia, au spectacle du Bertram Mills Circus à Londres. Elle fut fêtée ensuite en Belgique au Cirque Demyunck, puis à Rouen chez Napoléon Rancy. En mars 1951, elle apparut au Cirque Carré d’Amsterdam, sous la direction Strassburger, puis enchaîna au Zoo Circus. L’année suivante, elle retourna sous le chapiteau d’Achille Zavatta, baptisé cette année-là Bostok-Zoo Circus.
Marys Begary avait alors atteint une maîtrise totale de son art. À propos de son extraordinaire équilibre de mains au trapèze, Henry Thétard faisait remarquer dans la revue Le Cirque dans l’Univers, qu’elle se tenait dans cette position pendant plus d’une minute ! Lors de son passage à Medrano en février 1953, Jean Durkheim écrivit un article dans le journal Ce Soir dont le titre, en gros caractère, était : Rose Gold a tremblé pendant le numéro de la trapéziste Maryse Begary.
Une pureté inégalable
Les engagements allaient se succèder avec le Kelvin Hall de Glasgow, le Radio Circus, Medrano voyageur (en association avec la direction Gruss-Jeannet), et le Circo Americano, direction Feijoo y Castilla, en Espagne en 1957.
Ultime consécration pour l’époque : elle devint en 1958, la vedette du Ringling Bros and Barnum & Bailey Circus, où, authentique reine du trapèze, elle était entourée d’un ballet aérien. Après deux année passées sous le plus grand chapiteau du monde, elle se produisit dans d’autres cirques américains comme Clyde Beaty, Hanneford et Polack. De retour en Europe fin 1960, Gilles Margaritis lui demanda de participer à son deuxième spectacle du Cirque Français à Léningrad et Moscou, en compagnie d’Achille Zavatta. Elle fut ensuite l’invitée de Jérôme Medrano qui la mit en tête d’affiche. Dans le journal Combat, François des Aulnoyes écrivait :
« …Vous pouvez vous rendre à Medrano pour voir seulement son travail au trapèze. Jamais un numéro n’a été présenté avec autant d’élégance et autant de sûreté. Le style de Maryse Begary est d’une pureté inégalable. Voilà du grand Cirque… »
Une artiste d’exception
Le numéro de Maryse Begary fut filmée pour la télévision, en 1961 à la Piste aux Etoiles, et l’année suivante au fameux Ed Sullivan Show aux U.S.A. Cette même année, elle fut programmée au Cirque Schumann de Copenhague. Elle participa également au tournage du film Le plus grand cirque du monde réalisé par Henry Hathaway. Maryse Begary revint en Europe au Kelvin Hall de Glasgow pour Noël 65 et enchaîna la saison d’été 1966 du Tower Circus de Blackpool. Les Parisiens purent encore l’admirer au XIème Gala de la Piste de Louis Merlin, au Cirque d’Hiver Bouglione le 16 novembre 1967.
Elle s’établit ensuite aux U.S.A., à Evansville, dans l’Indiana. Elle décéda le 2 octobre 2007, à la suite d’un cancer. Elle avait une fillle prénommée Maryse. Reine incontestée du trapèze, Maryse Begary reste encore aujourd’hui une artiste d’exception de l’Histoire du Cirque.
Claudia Vivaldi
Extrait de : Les Reines du Trapèze – Claudia Vivaldi – collection Dossier de l’Histoire – Arts des 2 Mondes – 2011.
Sources
- Une enfant aux cheveux d’or
- Programme Medrano – avril 1939.
- Chronique du Cirque – Henry Thétard – Le Petit Parisien – 24/4/1939.
- Au Cirque Medrano – Gustave Fréjaville – Comoedia – 25/10/1941.
- Au Cirque d’Hiver – Tristan Rémy – L’Humanité 9/10/1946.
- Le Cirque par Yves-Bonnat – octobre 1946.
- Les meilleures gymnases sont des françaises – Henry Thétard – Comoedia – 27/11/1943.
- La plus forte trapèziste de l’époque
- Achille Zavatta – Star du Cirque – Dominique Denis.
- Programmes Bostok Circus 1947-1948.
- Bostok – Pierre Paret – Inter-Forain – 5/12/1948.
- Annonce Bouglione – 5/3/1949.
- Bertram Mills – David Jamieson.
- Strassburger – Herbert St Nissing.
- Bostock-Zoo Circus – Viator – Le Cirque dans l’Univers – n°10.
- Une pureté inégalable
- Radio Circus – collectif.
- Medrano-Voyageur à Reims – J. H. Carbonaux et M. Gabriel – Le Cirque dans l’Univers – 1956.
- Archives Medrano.
- Maryse Begary à Medrano – François des Aulnoyes – Combat – 30/11/1961.
- La Piste aux Etoiles – Scènes et Pistes – 1961.
- Ils donnent des ailes au cirque – Adrian.
- Cirque au cinéma – Cinéma au cirque – Adrian.
- Notes Alain Simonet.
- Notes Dominique Denis
- Le XIe Gala de la Piste – L. R. Dauven – Le Cirque dans l’Univers – n° 67.
- Maryse Begary – Christian Hamel – Le Cirque dans l’Univers – n° 229.