Amiens, riche de spectacles variés, est une ville importante pour l’histoire du Cirque en France.
Franconi et Astley
Déjà, à l’époque romaine, Amiens possédait un amphithéâtre. Plus tard, à la Saint-Jean, les saltimbanques se produisaient sur la place Saint-Denis.
Le sieur Francony, danseur de corde accompagné de deux garçons et de son épouse, présenta des exercices d’agilité, durant trois mois, en 1772. Celui-ci revint deux ans plus tard, puis en 1791, cette fois, assisté de quatre enfants, deux écuyers, sept musiciens, un cocher et cinq palefreniers.
La capitale picarde peut être fière d’avoir reçu dans sa cité Philip Astley et sa troupe, le 28 février 1787. Le père du cirque moderne y séjourna une dizaine de jours.
Les frères Franconi, en 1815, donnèrent des représentations dans l’église des Cordeliers, occupée par les sans-culottes en 1789. Plus tard, les Amiénois furent émerveillés par les prouesses équestres des Tourniaire en 1833, ainsi que celles de Bastien Franconi en 1842.
Le Cirque en bois
En 1845, la foire de la Saint-Jean fut transférée sur l’esplanade Longueville. La Ménagerie Milanaise d’Opilo Faïmali, le cirque de Didier Gautier en 1851 et 1854, et le Cirque Bouthors en 1852, s’installèrent le temps des festivités. Un peu plus tard, Claude Loyal et Théodore Rancy, en 1862 et en 1868, ainsi que Bastien Franconi en 1865, vinrent y donner des représentations.
Le Cirque Loisset avec Sarah l’Africaine, et une cavalerie de soixante chevaux, s’installa sur le champ de foire en 1869. Ce cirque dirigé par François Loisset, le fils de Jean-Baptiste, revint en 1872, avec une troupe composée de plus de 350 personnes, et 80 chevaux.
Un cirque en bois qui servait de cadre aux représentations, généralement du 24 juin au 20 juillet, fut construit à Amiens par un entrepreneur du nom de Schytte, d’après les plans de M. Gaudelette. Il fut inauguré le 23 juin 1874.
Théodore Rancy
Théodore Rancy s’y installa de nombreuses fois. Le Cirque Milanais, dirigé par Priami et Pierantoni, programma la famille équestre Tourniaire en 1876. L’année suivante, Théodore Rancy présenta une grande pantomime intitulée Les 3 brigands mexicains. Il proposa, en 1878, un spectacle ayant pour titre Le Carnaval sur glace à Moscou, avec une troupe de 80 patineurs qui, dans un décor hivernal, donnait l’illusion de patiner sur un lac gelé. On vit encore, le Cirque Continental, dirigé par Léon, en 1884, et l’année suivante le Cirque Plège.
Pour le dernier spectacle présenté dans ce cirque en bois, en 1888, par Théodore Rancy, les Amiénois purent applaudir les 14 loups dressés de Rudesindo Roche, les Briatore, acrobates équestres, le clown Gougou Loyal, et le jongleur à cheval Georges Palmer.
Un monument majestueux pour Amiens
Ce cirque en bois fut avantageusement remplacé par une majestueuse construction en pierre, dénommée Cirque Municipal.
Le conseil municipal confia le projet à Emile Riquier, architecte départemental de la Somme. Sa construction fut évaluée à 250.000 francs. En fait, il coûta 845.000 francs. Les travaux débutèrent en 1887, et se terminèrent deux ans plus tard.
La construction
Inspiré du Cirque des Champs Elysées et du Cirque d’Hiver de Paris conçus par Hittorff, le Cirque Municipal d’Amiens fut construit en pierre, brique et fer, et recouvert d’un enduit de ciment. Il mesure 44 mètres de diamètre, soit un polygone à 16 côtés, de 150 mètres de périphérie. Sa hauteur est de 26 mètres. La couverture est en ardoises, et la charpente est composée de 16 arbalétriers fixés sur autant de contreforts. Le portique d’entrée est un mélange du style romain et de la renaissance italienne. Huit colonnes cannelées à chapiteaux composites soutiennent un entablement. La frise porte en lettres dorées l’inscription Cirque Municipal.
Deux cafés couronnés de larges terrasses encadrent cette entrée monumentale.
Après avoir gravi les marches en granit du portique au plafond sculpté, on entre dans un hall spacieux drapé de velours, puis on accède aux premières par trois couloirs. Pour arriver aux secondes, et aux troisièmes, on emprunte deux escaliers extérieurs et deux escaliers intérieurs se dédoublant au premier étage.
La salle
On découvre enfin la salle de 3.100 places sur 17 rangées de banquettes, disposées autour d’une piste de 13,50 mètres de diamètre. La scène est transformable en position haute ou basse. Ce système mobile permet de faire place à l’entrée des artistes. Une estrade en fer pour l’orchestre est située au-dessus des troisièmes. L’éclairage, composé de quatre lampes à arc à l’extérieur, de douze à l’intérieur, et de 220 becs à incandescence, est électrique. Dans les sous-sols, deux dynamos de 90 chevaux-vapeur fournissent l’électricité. Le chauffage est assuré par une machine à vapeur.
A l’extérieur, une cheminée haute de 35 mètres permet l’évacuation de la fumée. Un système de commande permet d’ouvrir les vitres du lanterneau afin d’aérer la salle. Les écuries, les loges pour les artistes, les magasins d’accessoires, sont situés sous l’amphithéâtre.
L’inauguration
Frédéric Petit, le maire d’Amiens, conseiller général et sénateur, fondateur du Progrès de la Somme, Jules Verne, le célèbre romancier, conseiller municipal, et les édiles de la ville inaugurèrent ce cirque prestigieux. La première eut lieu le dimanche 23 juin 1889.
Au cours du concert, l’auteur du Tour du monde en 80 jours se lança dans un discours enflammé d’une vingtaine de minutes. Ce texte fut aussi publié dans l’ouvrage de Jacques Goffinon, intitulé Le Cirque d’Amiens, dans lequel le lecteur trouvera des informations pour la période située entre 1979 et 1985.
Le premier spectacle de cirque eut lieu seulement le 26 juin, car la troupe de Théodore Rancy avait dû prolonger son séjour de deux jours à Limoges. Comme à l’accoutumée le Roi du Cirque Français présenta un copieux programme. Le 19 juillet, ce fut la soirée d’adieu, avec en supplément au programme une tombola dont le gros lot était la jument Coquette.
Des directeurs prestigieux
Afin d’éviter la monotonie et de varier réellement les styles de spectacle, la municipalité décida de louer le cirque chaque année à des directeurs différents. Ainsi, pour la deuxième année d’exploitation, Antoine Plège, le principal concurrent et néanmoins ami de Théodore Rancy, investit cet établissement prestigieux.
Le célèbre dresseur d’éléphants Sam Lockhart, en 1891 et 1892, vint avec son Grand Cirque International. Mademoiselle Lenka, s’installa en 1893, 1894, puis deux ans plus tard. Antoine Plège présenta, en 1895, mademoiselle Godfroy qui tournait le saut périlleux à cheval, et la fabuleuse troupe cycliste Ancillotti.
Les quatre dernières années qui terminèrent le siècle, les Amiénois virent le retour du Cirque Rancy dirigé par Olive Rancy, assistée de ses enfants. L’orchestre était sous la direction de M. H. Omers. Les programmes étaient toujours composés avec soin, avec des attractions inédites comme les lions de mer de Wills Woodward, et en deuxième partie une pantomime, comme Floréal qui se terminait par une bataille de fleurs.
Le Tout-Amiens, en 1898, put assister à une représentation de cirque mondain d’Ernest Molier, qui faisait alors courir la gentry parisienne à ses représentations de cirque amateurs. Le XIXe siècle se termina enfin avec Rancy et ses fastes.
L’entrée dans le XXe siècle
Le nouveau siècle débuta à Amiens avec le Grand Cirque Russe sous la direction de Mathias Beketow qui présenta les 3 Labattut aux triples barres fixes, François Fratellini, dans ses acrobaties à cheval, et les clowns Luigi et Paolo Fratellini. L’année suivante, ce fut le nom de Rancy qui vint s’inscrire au fronton du bâtiment. Cette année là, Alphonse Rancy, qui assistait sa mère depuis le décès de son père Théodore, venait de prendre officiellement la direction de la firme. Toujours en 1902, du 10 au 12 octobre, Barnum & Bailey planta ses chapiteaux à Amiens.
André Plège, en 1903, qui avait repris l’affaire familiale, occupa le bâtiment. Il était secondé par son épouse Alice. Au programme, on pouvait noter la fameuse famille équestre Brun-Lécusson, et les clowns Tonitoff, Antonet, Seiffert, et Palisse.
Le Cirque Hollandais de Brantsen, dirigé par Jules Durand, dit Durandsen, fut convié à divertir les Amiénois l’année suivante. La vedette du premier spectacle fut la flèche infernale de Miss Aboukaïa.
Retour de Plège
Retour à Amiens du Cirque Plège, en 1905, et encore de celui de Brantsen en 1906, avec un programme varié.
Le nom de Plège continua à briller à Amiens en 1907, et 1908 sous la direction d’Henri Despard-Plège, le mari d’Antoinette, fille aînée d’Antoine.
Alice Plège, la veuve d’André Plège, prit, l’année suivante, la suite directoriale. En 1910, les frères Camille et Emmanuel Roche, qui s’étaient déjà illustrés à Bruxelles et à Lille depuis quelques années, firent leurs débuts avec un programme dont la partie comique était assurée par Antonet et Grock.
Adieu chevaux et poneys
Madame veuve Plège revint en 1911, avec des artistes de premier ordre, comme la troupe Cardinale dans une nouveauté intitulée Une rencontre au bois. Malgré ce copieux programme, Alice Plège ne put assurer la bonne gestion de son entreprise. A court de liquidité, elle ne put payer son personnel et ses fournisseurs. Elle fut déclarée en faillite. Son matériel et ses chevaux furent saisis par la municipalité.
Par décision judiciaire, 6 chevaux russes et un poney furent vendus à Elbeuf, le 9 novembre. Une semaine plus tard, madame veuve Plège dut vendre, dans les mêmes conditions, cette fois à Lille, 6 chevaux alezans et un pur-sang arabe. Alice Plège se retira des affaires et partit s’installer à Bordeaux.
Henri Despard-Plège s’installa l’année suivante à Amiens et fit de bonnes affaires. En 1913, les frères Roche présentèrent les cyclistes Boller qui roulaient en équilibre sur la roue arrière d’une quadruplette sur un fil de fer, les clowns internationaux Tonitoff et Seiffert, et la troupe japonaise des 8 Hammamura.
Triomphe de la bicyclette
Eugène Dutrieu, ex-champion cycliste, en 1903, qui l’année précédente, avait réussi à transformer les halles de Tourcoing en cirque stable, vint donner une série de représentations à Amiens. Cet établissement n’hésitait pas à s’intituler Le plus important Cirque Français. Il s’installa du 27 juin au 26 juillet. On pouvait applaudir Jonas, l’homme aquarium qui en 10 minutes, buvait 100 bocks et avalait puis restituait poissons et grenouilles.
Le vélo était à l’honneur, avec les 3 Maïss qui dansaient et roulaient sur un fil de fer, et Romain Noiset dans la terrible Course de la mort. L’artiste juché sur une motocyclette pétaradante, roulait sur un plateau mû par un moteur électrique, tournant en sens inverse, à 100 kilomètres à l’heure.
A partir du 17 juillet, changement de programme, avec les 7 Tourbillons, lady cyclistes, et Diavolo qui tournait le looping the loop. A peine le spectacle terminé, le 1er août 1914, ce fut la mobilisation générale…
Les bombardements
Pendant la Grande Guerre, la ville d’Amiens fut particulièrement touchée. Elle subit des bombardements intensifs pendant 147 jours.
Dans le Courrier Picard du 24/6/1989, Jacques Mascarelli écrivait un excellent article sur l’historique du Cirque d’Amiens. Il relatait que, le 12 avril 1918, un obus avait crevé la toiture du cirque. Les gradins et les tentures furent endommagés. Un autre obus détruisit la buvette extérieure gauche du cirque.
La paix enfin revenue, en 1919, Alphonse Rancy ne put s’installer dans le bâtiment, et planta son chapiteau sur l’esplanade. L’année suivante, la Municipalité entreprit les travaux de restauration. Cependant, il restait encore quelques points d’impacts de balles sur les murs extérieurs, et la marquise ouvragée, au-dessus de la caisse, ne fut pas remplacée.
Le Cirque Municipal, enfin restauré, put accueillir les spectateurs amiénois pendant la Foire de la Saint-Jean, avec la troupe d’Alphonse Rancy.
Le règne Houcke à Amiens
De 1921 à 1943, Jean Houcke, une des figures les plus pittoresques du Cirque du XXe siècle, allait régner sur l’histoire du cirque amiénois. Avec son épouse Marcelle, il reprit la direction du Cirque Municipal, à la suite de son beau-père Alphonse Rancy.
Cette période d’après-guerre allait voir une profonde mutation de la société en général et du spectacle en particulier.
La page du cirque équestre était tournée. Dans toute l’Europe dévastée, les hommes dans la force de l’âge et les chevaux avaient été décimés. Le spectacle du Cirque se devait de suivre naturellement la marche du temps. Le public demandait plus de diversité et un rythme accéléré. Jean Houcke sut s’adapter parfaitement à son époque.
Les Fratellini
Pour composer ses programmes, il fit appel aux meilleurs clowns, comme Chocolat fils et Porto, ainsi que les Fratellini qui venaient d’accéder au vedettariat.
D’autres numéros comiques furent engagés comme les cyclistes Maurice et May, le jongleur bavard Gaston Palmer, l’acrobate comique Franck Pichel, Little Walter, le fou musicien… Les clowns Alex et Porto, Despard et Rhum, Cairoli, Porto et Carletto, Antonet et Béby, Dario et Bario... Des vedettes comme Barbette, l’orchestre attractif de Roland Dorsay et ses cadets, l’écuyer Roberto de Vasconcellos…
Citoyen d’honneur
A noter, en avril 1933, indépendamment de la direction Houcke, le passage du Cirque Léonce, avec en vedette la troupe aérienne des Alexims. En 1939, outre ses présentations équestres, Jean Houcke présenta à Amiens ses 4 éléphants, dont Charly, qui se tenait en équilibre sur une seule patte. Cette même année, à l’occasion des 20 ans d’exploitation du cirque pendant les périodes foraines, il fut promu citoyen d’honneur de la ville.
Malgré l’occupation allemande, la vie reprit péniblement son cours. Les établissements de spectacle ouvrirent à nouveau leurs portes. En 1941, Maurice Houcke, le fils aîné de Jean, reprit pour trois ans la direction du Cirque Municipal. Au programme, régi par Natol, on pouvait applaudir Polo Rivel et ses enfants, les jongleurs Reverhos, les volants Alizés, et les Fratellini.
L’année suivante les Amiénois se divertirent avec les clowns Maïss et Béby, et les Dario-Bario. En 1943, la régie fut assurée par Georges Loyal, avec au programme les trapézistes Rios, et les clowns Nino et Mimile.
Retour du Rire
Après une interruption d’un an, en 1945, le cirque fut transformé en salle de cinéma, mais Albert Rancy, le fils aîné d’Alphonse, prit la direction pour la saison d’été. Il engagea les cyclistes Brockway, et Maïss et Béby. La régie était sous la responsabilité de Recordier. Albert Rancy s’associa la saison suivante avec Gaston Desprez, l’ancien directeur du Cirque d’Hiver de Paris. Mylos assisté de Loriot présentait le programme avec, en vedette, la Reine des airs, Rose Gold, et les Dario-Bario.
Jean Coupan et Emile Audiffred, qui dirigeaient la S. P. S. (Société Parisienne de Spectacle), programmèrent les spectacles du cirque de 1947 à 1949. L’orchestre était dirigé par René Chapon, l’ancien chef de Grock, et la régie était assurée par Georges Loyal. on put applaudir, en 1947, la trapéziste Andrée Jan, et rire avec Bilboquet et Boulicot, Lulu et Tonio, François, Albert Fratellini et Balazy.
Deux équipes de clowns, Donnet et Pékari, et Pipo et Rhum, eurent l’aimable tâche de divertir les Amiénois l’année suivante. Pour le troisième spectacle de la saison, il y eut une Féerie sur la glace, et la troupe de funambules Camillo Mayer. Ceux-ci pour la parade en plein air, tendirent un câble oblique entre le pont du chemin de fer et la coupole du cirque.
Grock et compagnie
À Amiens, en 1949, on fêta le soixantième anniversaire de la création du cirque. La salle fut transformée en studio de cinéma, le temps de prises de vues pour le film Au revoir monsieur Grock réalisé par Pierre Billon, avec Adrien Wettach dans son propre personnage, et Louis Maïss dans le rôle d’Antonet.
Les lilliputiens de Gnidley, et les Antarès, furent les vedettes du premier programme de la saison.
Hélas, on dut déplorer plusieurs événements néfastes : Le dresseur de cochons Sobbot tomba gravement malade. Ensuite, le 30 juin, Georges Bruno, le voltigeur des Audacias, acrobates au cadre aérien, fut la victime d’une chute qui allait lui ôter la vie. Les obsèques eurent lieu le 4 juillet, en présence de toute la troupe. Enfin, le 21 juillet, Grock fut terrassé par une crise hépatique le soir de la première, et ne put donc présenter son numéro. Le clown vedette, assisté d’Alfred Schatz, revint l’année suivante, pour l’ouverture de la saison, du 24 au 30 juin.
Cette année là, Jean Coupan qui avait repris la direction seul, fit venir les clowns Pastis et Béby, et l’artiste sans bras appelée, la Vénus de Milo. Pour le deuxième programme, les Fratellini présentèrent leur inénarrable course de toros.
Radio-Circus à Amiens
Du 19 au 23 juillet 1950, le Radio-Circus investit la piste amiénoise avec ses jeux radiophoniques animés par Zappy Max, l’animateur vedette de Radio Luxembourg. Ce concept qui reste encore un véritable phénomène dans l’histoire du cirque en France, fut créé en 1949, par Louis Merlin, alors directeur des Programmes de France, et de Jean Coupan, avec la participation du Cirque Gruss-Jeannet.
La S.P.S. arrivant en fin de bail, en 1951, donna ses dernières représentations avec des numéros de classe comme les aériens Clérans, les clowns Lulu et Tonio, ou le trio composé de Max, E.P. Loyal et Lolé, en grande forme. Dans les dépendances, on pouvait visiter l’école de dressage de fauves animée par le dompteur Ruby, avec un groupe de lionceaux du dresseur Robert-Henry d’Anvers.
Durant ces cinq années, cette direction dynamique présenta 347 attractions différentes et de qualité, ce qui constitue un palmarès digne d’éloge.
Renaissance des Rancy
Henri Rancy, le fils de Napoléon Rancy, assisté de son épouse née Tilly Price, fit à nouveau briller le patronyme Rancy dans ce cirque prestigieux de 1952 à 1965. Pour cette reprise, le Cirque Napoléon Rancy présenta, en vedette, le danseur de corde comique Emilio Zavatta, entouré de nombreuses attractions internationales. En dehors des saisons de cirque, la direction de la salle amiénoise était placée sous l’autorité de Jacques Lecat, le directeur du Picardy-Théâtre.
Les 4 frères Bouglione annoncèrent au mois de novembre de l’année suivante, une féerie sur glace intitulée La valse de l’Empereur, avec les patineurs vedettes Catherine Saller et Fred Emmanuel. A l’occasion des fêtes de Noël de 1952, les directeurs du Cirque d’Hiver de Paris donnèrent, enfin, quelques représentations.
Pour la foire de la Saint-Jean, Henri Rancy engagea Koringa et ses alligators. En 1954, les Dinat, au cadre aérien, et Victor Saulevitch avec un groupe mixte de lions et de panthères furent en haut de l’affiche. La deuxième partie se termina par une pantomime Féerie à Sumatra. Et l’année suivante on put applaudir les ours blancs de Doris Arndt, et le jongleur humoriste Gaston Palmer.
Le cirque dont le prince est un enfant
Little John, le petit prince de l’équilibre, qui avait été le héros du film Pas de coup dur pour Johnny, fut la vedette du spectacle de 1956.
L’année suivante, on put assister à un programme composé uniquement de vedettes : les télépathes Myr et Myroska, Little Walter, le fou musicien et ses trois filles, les cascadeurs internationaux Craddock, qui n’étaient autre que les Fratellini juniors, et présentaient en deuxième partie une nouvelle entrée.
Jean Houcke
Il y eut encore une surprise de taille avec le retour sur cette piste de Jean Houcke, en personne, qui du haut de ses quatre-vingts printemps fit évoluer avec maestria la cavalerie maison. Les programmes, variés, bien équilibrés, et riches en attractions internationales se succédèrent jusqu’en 1965. Ces spectacles étaient construits autour d’un thème, comme Carnaval Circus, en 1958 ou Uniformes et Crinolines l’année suivante.
Après le spectacle Circorama 1960, avec les fameux clowns belges Chabris, il y eut La Parade des Banquistes, puis La caravane des Pionniers.
La salle, en 1962, avait été rénovée, avec pour le confort des spectateurs des fauteuils recouverts de velours rouge. Les représentations reprirent avec les otaries du capitaine Decker qui furent les vedettes des Etoiles 63. On put apprécier encore, une pléiade d’attractions en 1964, avec entre autres, les acrobates au tapis Frediani, et l’année d’après, avec l’excellent comique sur fil-de-fer Brian Andro.
Les petits orphelins acrobates
Les 3 frères Bouglione furent les locataires du cirque, en 1966. L’année suivante, Sabine Rancy, la fille d’Henri Rancy, qui avait monté sa propre affaire en 1964 avec son mari Dany Renz, prit possession des lieux.
En 1969, le Cirque Amar, dont l’enseigne avait été rachetée par Jean Roche, l’année précédente à Mustapha Amar, présenta le Cirque des Muchachos. Ce cirque d’enfants qui n’avait pas encore la renommée internationale qu’il aura par la suite, faisait alors ses débuts hors d’Espagne. A l’origine, un ecclésiastique, le révérend père Jésus Silva Mendez, de la famille Feijoo-Castilla, avait créé, en juillet 1964, à Orense en Espagne, un orphelinat original appelé la Ciudad de los Muchachos.
Sabine Rancy vint donner des représentations, en 1970, et en novembre, Gilles Margaritis vint tourner La Piste aux Etoiles, l’émission la plus populaire auprès des français. Federico Fellini y effectua plusieurs prises de vue en 1972 pour son film Les Clowns.
Action culturelle de la ville
Le Cirque d’Amiens accueillit pour trois jours, en janvier 1974, le Cirque de Moscou, sous la direction de Piotr Abolimov, avec Roustan Kasseev accompagné de ses ours qui interprétaient le Lac des Cygnes.
La Municipalité en 1979, décida de s’investir dans une action culturelle qui allait remettre le spectacle de cirque à l’honneur. Elle fit appel tout d’abord à la troupe théâtrale du Carquois d’Amiens… Puis, pour les fêtes de fin d’année, à la compagnie des Enfants de la Lune, une troupe amateur venant de Conty, à côté d’Amiens… Et le Nouveau Cirque de Paris dirigé par Annie Fratellini, fille de Victor. Le Service Culturel de la ville invita, fin février 1980, le Cirque Rancy-Carrington, dirigé par James Carrington, et fin décembre, Annie Fratellini et sa troupe.
Des travaux de rénovation furent entrepris en 1981. Les Enfants de la Lune revinrent deux jours en janvier, et Annie Fratellini avec les élèves de son école, en juin. Alexis Gruss Junior et son Cirque National à l’Ancienne enchaîna jusqu’au 4 juillet. Ce même mois on vit la création de l’Association des Amis du Cirque d’Amiens. L’année se termina avec le Cirque de Pologne présenté par la troupe d’Annie Fratellini.
Initiation aux Arts du Cirque
Ce fut le retour des Cirques Rancy-Carrington, Annie Fratellini, Alexis Gruss Junior, et Albert Rancy dirigé par Claudy Renotte, en 1982
Indépendamment des spectacles, à noter une exposition de cartes postales anciennes de la collection de Jacques Pelletier. Lors de la saison suivante, ce fut l’ouverture du Centre d’Initiation aux Arts du Cirque, et le Cirque d’Amiens accueillit à nouveau Rancy-Carrington, Annie Fratellini, le Cirque Patoche, et le Cirque Albert Rancy. Ce même cirque dirigé par Claudy Renotte et Lil Massila, en 1984, engagea le trapéziste Mark Lotz célèbre pour sa suspension par les talons en grand balan. Cette même année il y eut aussi le Cirque de Moscou dirigé par Vladimir Chevtchenko.
Cirques alternatifs
Entre 1985 et 1989, on revit les cirques dirigés par Annie Fratellini, Arlette Gruss, la fille d’Alexis Senior, et celui d’Alexis Gruss Junior.
Le cirque dit alternatif fut représenté par la compagnie du Puits aux Images, dirigée par Christian Taguet depuis 1973, la troupe du Docteur Paradis, dirigée par Jean-Christophe Herweet et Régine Hamelin, et celle des Noctambules. Cette dernière compagnie, sous la direction de Michel Nowack, présentait des spectacles sur le thème du cirque, avec des titres comme Le spectre du Minotaure.
On tourne !
Le bâtiment servit de décor en 1988, pour le tournage de quelques séquences du long-métrage Roselyne et les lions, du réalisateur Jean-Jacques Beineix.
Le Centre d’Initiation, l’année suivante, changea d’intitulé pour s’appeler le Centre de Formation aux Arts du Cirque.
Nico Papatakis, en 1991, y réalisa son film Les Equilibristes.
Le retour de César Cascabel
Après une période de réfections du cirque, Arlette Gruss revint tous les ans, au mois de novembre, à partir de 1993, avec des spectacles d’une qualité exceptionnelle.
Le Cirque Medrano de Raoul Gibault fit un court passage en janvier 1996 et 1997. Du 2 au 6 octobre 1996, on assista aux représentations du Cirque d’Etat Chinois. Cette même année, et la suivante, la Bourse Louis Merlin, ainsi que les premières sélections européennes du Festival Mondial du Cirque de Demain, se déroulèrent sur la piste amiénoise.
En hommage à Jules Verne, le Centre de Formation aux Arts du Cirque fut baptisé en 1997, César Cascabel. Le Centre organisa un spectacle du même nom en décembre. Enfin, il y eut aussi des spectacles de Noël, organisés par Alain Leleu pour des comités d’entreprise de la région.
Pour la saison 2001, le service culturel Amiens Metropole, à l’occasion de l’année du cirque décrétée par le Ministère de la Culture, décida d’entreprendre des travaux de rénovation du cirque, avec une réouverture prévue en 2003.
D’autre part, Amiens Metropole proposa une programmation comprenant les spectacles sous chapiteaux de plusieurs cirques comme Arlette Gruss, Romanès, Morallès, la compagnie Jérôme Thomas ou la Tribu Iota.
Le Cirque Jules Verne à Amiens
La communauté d’Amiens Métropole décida pour la saison 2002/2003 de rénover le cirque sous la direction de Michel Lefort, Marc Landowski et Eric Dubosc. Dans un esprit de confort des spectateurs, le nombre de places passa de 3.100 à 1.700.
Le cirque, appelé Jules Verne, est inauguré en novembre 2003 sous l’égide du Pôle régional des Arts du Cirque avec le spectacle du Cirque Arlette Gruss.
Etablissement culturel, le Pôle National des Arts du Cirque, réunit depuis 2011, le Cirque Jules-Verne pour les Arts du Cirque, le Hangar pour les arts de la rue, l’École de Cirque, et le Manège Cesar Cacabel. Ce manège étant un centre de création et de recherche en cirque équestre, dans un esprit de diversité de la création contemporaine.
Pour ses saisons dédiées aux Arts de la Piste, le Cirque Jules Verne d’Amiens, reçoit des compagnies à l’occasion de son festival La Rue, ainsi que sa programmation régionale Confluences Nomades, comme en 2016, le spectacle équestre Fado de Carlos Pereira, le cirque des clowns en mars 2017, en 2018 la compagnie Raoul Lambert, ou de Jérôme Thomas.
Adaptation de : Cirques en bois, cirques en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis – deux volumes – Arts des 2 Mondes – 2003. (en cours de réédition).
Sources : Cirques en bois et en pierre d’Amiens
- Les Franconi en province – Jean Delannoy – Le Cirque dans l’Univers – n° 19.
- Courrier Bastien Franconi – 1842.
- Charly Keith – David Fitzroy – The Joey – n° 55.
- Ephémérides – L.R. Dauven – Le Cirque dans l’Univers – n°100.
- Les pérégrinations d’un directeur – Didier Gautier – Le Cirque dans l’Univers n° 200.
- Une dynastie de cirque éteinte – Henry Thétard – Le Cirque dans l’Univers.
- Architectures du Cirque – Des origines à nos jours – Christian Dupavillon – p 127.
- Les cirques stables en France (1900-1950) – Alfred Court – Le Cirque dans l’Univers – n° 15.
- Théodore Rancy et son temps – 1818-1892 – Jacques Garnier – p 103- 119-140-151 à 154.
- Ancien Programme Rancy – 6/7/1878.
- Der Artist – 1884 – 1885 – 1895.
- Grand Répertoire Illustré des Cirques en France – Robert Barrier – p 256-257.
- Les petites Loisset – Tristan Rémy – Le Cirque dans l’Univers – n°87.
- Alphonse Rancy – 100ans – Cirque Rancy – Jacques Bruyas.
- Article : Municipal d’Amiens – Jacques Mascarelli – Le Courrier Picard – 24/06/1989.
- Pendant la guerre de 1914-1918 – Jacques Mascarelli – La voix du cirque – n° 13.
- À Amiens – Jacques Mascarelli – Cirque – n° 36.
- Le Nouvelliste – 1901-1903-1913.
- Forains d’hier et aujourd’hui – Jacques Garnier – p 145.
- Der Artist – 1904 à 1906.
- Hop et Voilà – Juillet 1938.
- Livre. : Amiens entre deux guerres – Alain Trogneux – p 55-58.
- Le cirque d’Amiens – Jacques Goffinon.
Sources – suite
- Note de la municipalité – 18 octobre 1911.
- Programmes Cirque Rancy – Roche – Dutrieu – Jean Houcke – Albert Rancy – S.P.S. – Coupan – Bouglione – Collection Alain Simonet.
- Cirque municipal d’Amiens – Ali Héritier – Inter-Forain.
- Annonces Cirque Houcke – Das Organ – Juillet 1937.
- La première du cirque – Le Courrier Picard – 22/06/1947.
- Saison de cirque à Amiens – Zemganno – 24/6/1947.
- Album Maïss – Dominique Denis – p 27-65-79-88.
- La mort du trapéziste – Radar – 10/7/1949.
- Courrier Picard – 22/7/1949 – 5/9/1949.
- Municipal d’Amiens – Jean Biberon – Le Cirque dans l’Univers – n° 2.
- Au cirque d’Amiens – Adrian – Revue officielle du Spectacle – n° 37.
- Nouvelles – Revue officielle du Spectacle – n° 46.
- Visite du club du cirque au cirque d’Amiens – Jean Delannoy – Le Cirque dans l’Univers – n° 8.
- Visite du club du cirque au cirque Rancy à Amiens – Jean Delannoy – Le Cirque dans l’Univers – n° 11.
- Trois vétérans font une rentrée sensationnelle – Tristan Rémy – 36 juillet 1951.
- Un cirque centenaire : Rancy – Adrian – Music-Hall – 1956.
- Rancy Magazine.
Sources – suite
- Dossier : Programmes des Cirques en France de 1860 à 1910 – Alain Simonet.
- Dictionnaire illustré des mots et locutions du Cirque – Dominique Denis.
- Chez Napoléon Rancy – Serge – France-Soir – 9/7/1957.
- Annonces de presse Rancy – Collection Serge Hoinville.
- Le Cirque dans l’Univers – n°76.
- Cinquante cirques permanents – Le Courrier Picard – 3/1/1974.
- Scènes et Pistes – Avril 1981 – Janvier 1984.
- Annuaire professionnel des Arts de la Piste – 1997.
- Pirouette n° 2 – Juin 1997.
- Amiens Metropole – Programme 2001.
- Dépliant : Cirque Jules Verne – mars 2017.
À lire
Cirques en bois, cirques en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis – deux volumes – Arts des 2 Mondes – 2003. (en cours de réédition)