Lalanne, un nom célèbre, qui, durant plusieurs générations, s’imposa dans le monde du Cirque français.
Jean-Baptiste Lalanne, l’ancêtre
Jean-Baptiste Lalanne, le fondateur de cette dynastie, né le 4 avril 1757 à Monein, dans le Béarn, était le fils de Jean Lalanne et Jeanne Lapuyade.
Jean-Baptiste Lalanne exerçait le délicat métier d’arracheur de dents dans les foires lorsqu’il rencontra Hélène Masgomieri la fille d’un banquiste. Il l’épousa et se lança dans la profession de saltimbanque. Jean-Baptiste Lalanne excellait dans l’art de l’acrobatie, des sauts, et de la danse sur corde, à tel point, qu’il fut remarqué par Nicolet qui l’engagea en 1782 dans son Théâtre des Grands Danseurs du Roi. Il y était annoncé comme le sauteur espagnol Navarin. Il fit partie de cette troupe prestigieuse jusqu’en 1787. Sa réputation fut telle qu’il fut surnommé Navarin-le-fameux. Il se produisit ensuite dans les foires, en association avec d’autres banquistes tel Hommelon-Saqui ou s’incorpora dans des troupes comme celles d’Houssaye ou de Roussi.
L’origine gasconne
Le patronyme de Lalanne, d’origine gasconne, était répandu dans la région, plus l’usage de transmettre le même prénom du père ou de l’oncle aux fils aînés rend la tâche particulièrement ardue aux les généalogistes. Ainsi, Lorenzo Frediani dans son livre magistral Monsieur Loyal, a recensé Joseph et Paul Lalanne dans la troupe Franconi au Jardin des Capucines en 1801 puis, plus tard Julien Lalanne, né à Bordeaux, vers 1808 et Léontine, née à Paris vers 1833, dont il n’a pu trouvé la filiation.
Marie-Antoinette, dite Madame Saqui, après son mariage en 1805 avec Jean Saqui, fut une funambule exceptionnelle. Sa vie fut contée dans les Mémoires d’une danseuse de corde par Paul Ginistry. On trouvera sur ce site circus-parade.com, l’article écrit par Alain Chevillard : Madame Saqui, une vie sur la corde.
Les cirques de Laurent Lalanne
Prosper-Laurent, dit Laurent était né en 1785. Selon ses dires, il était devenu militaire, et avait participé à la campagne d’Egypte sous la direction de Napoléon Bonaparte. De retour à la vie civile, il reprit son métier de danseur de corde et se maria à Monein, le 26 février 1807, avec Anne Françoise Saqui, de la même famille que son beau-frère.
Laurent devint directeur de cirque. Associé avec le célèbre écuyer britannique Andrew Ducrow, qui avait triomphé au Cirque Olympique des frères Franconi lors de la saison 1818/1819, Laurent se produisit au Théâtre des Menus Plaisirs de Nantes, en 1819, à la tête d’une troupe composée de 30 artistes et 36 chevaux. À partir d’avril 1820, il fut engagé au Cirque des Brotteaux à Lyon. Toujours avec Ducrow, il partit en Suisse et s’installa à Genève en août, à Berne le mois suivant puis, à Milan à partir de novembre. En 1821, il séjourna à Rouen, Clermont-Ferrand, Gap, La Rochelle, et Limoges, l’année suivante à Lyon, Bordeaux, et Strasbourg. Il retourna, en 1823 à Nantes et au Théâtre des Arts à Rouen.
Le cirque de Saint-Sever
Toujours à Rouen, Laurent Lalanne fonda un cirque rue Lafayette, à Saint-Sever, en novembre 1833. Il fit ériger, dans la même rue, une autre construction l’année suivante, et les spectacles débutèrent en juillet avec, en vedette, l’éléphante Miss Jack du dresseur Huguet de Massila. Laurent Lalanne renouvela ses spectacles et monta des pantomimes comme La veillée d’Austerlitz ou Mazeppa. Des artistes de renom furent engagés comme le célèbre clown Auriol ou le populaire funambule Joseph Plège.
Quant à Baptiste Lalanne, il monta, en 1834, Place Lafayette à Rouen une pantomime nautique, puis, en mars 1836, mit à l’affiche sa sœur, la renommée madame Saqui. Laurent Lalanne décéda en 1838, et ses fils Prosper, Emile, Fortuné, Théodore et Paul II se produisirent dans de nombreux cirques français.
Les Lalanne fils
L’aîné, Prosper se consacra à la Haute Ecole dans un manège à Paris, rue du Faubourg-du-Temple.
Paul II Lalanne se distingua en 1828 dans le numéro du Postillon de Lonjumeau, une reprise de La Poste, créée par Andrew Ducrow l’année précédente. On revit Paul Lalanne II à Rouen en 1836 (en compagnie de Joseph Lalanne). Avec son frère Emile, il fit partie, l’année suivante, de la troupe du Cirque Olympique du boulevard du Temple à Paris dirigé par Dejean. Plus tard, il fit équipe en 1860 avec Théodore Loyal au Cirque Napoléon.
Un autre de ses frères, Fortuné Lalanne, remarquable voltigeur à cheval, apprécié pour son travail à rebours, fut à l’affiche du Cirque National des Champs Elysées de Paris en septembre 1844. On le revit à Bruxelles en 1853 au Théâtre du Cirque sous la direction de Dejean. Il fut engagé ensuite, durant plusieurs années, au Cirque National de Claude Loyal.
Encore des cirques
Les frères Lalanne s’établirent à leur compte en 1846 et fondèrent le Cirque Olympique des 4 Frères Lalanne. Ils se produisirent à Marseille en 1848.
Fortuné Lalanne, en 1855, s’associa avec Théodore Rancy et loua à madame Lemyre le Cirque de Saint-Sever à Rouen, du 15 décembre au 28 janvier 1856. Pour la circonstance, les deux jeunes directeurs engagèrent les clowns réputés Auriol, l’Eclair et Buislay. Egalement dans cette même ville, la fratrie s’installa en 1866, pour deux semaines, dans un cirque en planches sur le plateau Sainte Marie.
Un programme du Cirque F. Lalanne 1858 annonçait la pantomime comique Zam-Zam.
La troupe Lalanne séjourna à Gand en Belgique en 1860, à Nancy en 1861, puis inaugura le 16 octobre, la nouvelle construction en briques de Saint-Quentin, appelé le Cirque Galland en référence à son propriétaire. Elle retourna à Gand en 1862 et 1864.
Ainsi, pendant près d’un siècle, contemporains des Franconi et des Bouthors, les membres de la famille Lalanne se révélèrent d’émérites artistes et directeurs, et méritent de figurer en bonne place au Panthéon du Cirque.
Dominique Denis
Sources
- Jean-Baptiste Lalanne, l’ancêtre
- Galerie historique des comédiens de la Troupe Nicolet – E. D. Demanne et C. Ménétrier – p 20.
- Mémoires d’une danseuse de corde – Paul Ginistry – p 26-27-30.
- Jean-Baptiste Lalanne – Marcel Douyrou – Bulletin de la Société de Borda – Dax – n°413 – 1989.
- The life and art of Andrew Ducrow – A. H. Saxon – p – 428.
- La merveilleuse Histoire du Cirque – Henri Thétard – p 27 – 62 – 80 – 286 – 296 – 339 – 383.
- Les cirques de Laurent Lalanne
- Monsieur Loyal – Lorenzo Frediani – p 52.
- Le Cirque Olympique – M. J. Vesque – Le Cirque dans l’Univers – n° 12.
- The life and art of Andrew Ducrow – A. H. Saxon – p 70 – 71 – 87 – 93 – 97 – 104 -105.
- Journal de Lyon – 21 septembre 1820.
- Le Miroir des Spectacles – 12/04/1822.
- Le vieux cirque de Rouen – Christian Oger – Le Cirque dans l’Univers – n° 18.
- Le cirque de Rouen – Le Cirque dans l’Univers – n° 91.
- Les Lalanne fils
- Le Cirque et ses Etoiles – Tristan Rémy.
- Dictionnaire du Cirque – Dominique Denis.
- Cirques en Bois, Cirques en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis.
- Monsieur Loyal – Lorenzo Frediani – p 47 à 57 – 110.
- L’Almanach des spectacles pour les années 1837-1838.
- L’agent Dramatique du Midi – 13/10/1848.
- Le cirque de Rouen – Henry Thétard – Le Petit Parisien – Novembre 1935.
- Théodore Rancy – Jacques.Garnier – p 65-66-68 à 71.
- À travers le vieux Bordeaux : Récit et carnet de voyages – Ernest Laroche.
- Gent circusstad – André de Poorter.