Brockway : un numéro d’acrobatie sur cycles original animé par des personnages de dessins animés.
Brockway : Les créateurs
Marcelle et Albert Brockway firent une entrée remarquée dans le monde du spectacle. Après une première partie composée d’exercices acrobatiques classiques, ils eurent l’idée de mettre en selle des personnages de dessins animés, ce qui était nouveau pour l’époque. Ainsi les spectateurs du Cirque Pourtier, à Dunkerque, virent en janvier 1937 Félix le chat rouler sur un hobby horse, Mickey Mouse sur une bicyclette dont la roue avant était composée de grosses chaussures, le cochon Snif-Snif à califourchon sur une drôle de pétrolette. Le grand méchant Loup se léchant les babines, quant à lui, pédalait sur un petit vélo. Les Brockway n’en restèrent pas là. Ils créèrent par la suite d’autres personnages truculents, tels le professeur Nimbus, Donald Duck, Popey le marin, et enfin Dumbo l’éléphant. Leur numéro était très demandé. Ils étaient particulièrement appréciés en Angleterre et aux U. S. A.
Le 27 mai 1959 à Bandol, Albert Siajoli dit Brockway, décéda des suites d’une longue maladie. En décembre 1958, ils avaient passé une petite annonce dans la revue corporative Scènes et Pistes pour mettre en vente leur numéro. Une attraction de cirque et de music-hall peut être, en effet, comparable à un fonds de commerce. Il y a le matériel proprement dit, le savoir faire qui peut être enseigné, et la clientèle des agences artistiques et directions d’établissements de spectacle. L’acheteur n’est pas facile à trouver. Celui-ci doit posséder les aptitudes requises pour présenter le numéro en question avec la même qualité que ses prédécesseurs. Lorsque le numéro est coté, cette transaction lui procure un portefeuille d’engagements de plusieurs années, ce qui n’est pas négligeable. Il s’agit alors d’une bonne affaire pour les deux parties.
Brockway : La reprise du numéro
L’acheteur en question fut Edmond Lallemand. Il n’était point un inconnu dans le monde du spectacle. Originaire de Roubaix, Edmond présentait avec sa soeur, sous le nom des Marino, un numéro d’équilibre sur un piédestal de 6 mètres de haut. Ils furent engagés en 1943 au Cirque Bureau à Lyon. Ses tournées artistiques ne l’empêchèrent pas de participer activement à la résistance en compagnie du clown du Nord Gilmano. Plus tard il travailla avec son épouse qui faisait de la danse classique.
Ils eurent deux enfants, Bernard et Sylviane. Il les fit répéter non pas sur du plancher, mais sur toutes sortes de terrains. Les deux jeunes devinrent alors vite des acrobates hors pair. Ils présentèrent un numéro sur perchoir sous le nom des Domino. A Medrano, en roulant sur un grand monocycle, Bernard tenait en équilibre sur ses épaules sa soeur, qui tenait à son tour sur ses épaules une grande poupée.
Edmond et son beau-frère acquirent donc le numéro des Brockway. Tout naturellement les enfants prirent la suite. Bernard et Sylviane étaient des acrobates de grande classe. Avec une grâce comparable à celle de Lily Yokoï, ils roulaient debout, les deux pieds posés sur le guidon de leur bicyclette, ou bien encore debout sur un seul pied en équilibre sur la selle. Ils présentaient même cet exercice sur la glace, dans la revue Holiday on Ice.
Les jeunes Brockway participèrent à la Royale Performance, à Londres, présidée par la reine Elizabeth II, puis passèrent à la Piste aux Etoiles de Gilles Margaritis en juin 1966. Ils furent également les invités de la célèbre émission télévisée américaine The Ed Sullivan Show en 1971.
Extrait : Les Comiques à Bicyclette – Dominique Denis – Arts des 2 Mondes – 1998.
Sources : Brockway
- Le Nouvelliste des concerts – janvier 1937.
- Echo – juillet 1959.
- Scènes et Pistes – n° 54 – décembre 1958.
- Programme Bertram Mills Circus – décembre 1965 – janvier 1966.
- Télé 7 Jours – juin 1966.
- Ed Sullivan Show – 1971.