Ramon Gomez de la Serna, est un poète et humoriste espagnol, créateur d’un genre littéraire appelé gregueria, et auteur d’un chef-d’oeuvre intitulé tout simplement Le Cirque.
Un auteur majeur
Ramon Gomez de la Serna (qui s’écrit en espagnol Ramón Gómez de la Serna) est un auteur majeur de la littérature mondiale. Il était né à Madrid le 6 juillet 1888. Auteur particulièrement prolifique, il a écrit un centaine d’ouvrages, des nouvelles, des romans, des biographies, des pièces de théâtre, dont certains ont été traduits dans plusieurs langues. Il écrivit son premier livre a quinze ans.
À Madrid, à partir de 1915, Ramon Gomez de la Serna développa un nouveau genre annonçant le suréalisme : la gregueria. Il s’agit d’une forme poètique originale brossant à coup de plume incisive une peinture insolite mêlant l’humour au paradoxe, sans se priver de jeux de mots, voire de calembours. Ce véritable feu d’artifice de la poèsie est composé d’aphorismes saugrenus, de liens baroques, de comparaisons subtiles parsemées de propos finement observés.
El Circo de Ramon Gomez de la Serna
En 1917, paraissait son livre El Circo qui fut traduit en français par Adolphe Falgairolle et édité en 1927 par Simon Kra dans la collection Les Documentaires, avec une préface signée des Fratellini. En voici quelques courts extraits :
« … Les clowns étrennent des costumes pleins de paillettes qui imitent le ciel d’une façon précise et astronomique. Les constellations se forment d’accord avec les cartes du ciel. Les paillettes qui tombent en plein jeu, ce sont les étoiles qui devaient se détacher pour une plus grande authenticité, pour que dans la nuit il y ait une pluie d’étoiles… »
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« … Les chevaux du cirque se nettoient avec le meilleur dentifrice, ce sont les uniques chevaux qui se nettoient les dents et certains disent qu’ils portent de fausses dents vissées… »
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« … Les bicyclettes de cirque courent toutes seules, donnent des coups de pattes comme les chèvres. Les après-midi de relâche, on les promène à la campagne et, attachées à une longue corde, on les laisse gambader et paître à volonté… »
Extraits – suite
« … Nous croyons tous que l’éléphant ne nous voit pas et qu’il ne se forme pas une idée complète du cirque, mais il observe tout par le trou de serrure de son gros corps. Dans l’éléphant, on a caché un photographe. Quels magnifiques agrandissements doit-il faire là-dedans. Moi, je me place déjà devant l’éléphant avec une certaine pose… »
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« … Quand ils placent ces appareils compliqués, qui sont tendus grâce à un nombreux système de fils métalliques, il semble qu’ils installent un réseau téléphonique entre l’artiste et les spectateurs, téléphone qu’on leur coupe tout de suite… »
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« … Les anges gardiens protègent le travail en hauteur et retiennent souvent par leurs cheveux ou toute autre poignée celui qui va choir. Ces anges gardiens sont aussi des artistes de cirque quoiqu’avec une supériorité sur eux : leurs ailes… »
De Madrid à Paris
Au Circo Americano à Madrid, Ramon Gomez de la Serna, perché sur un trapèze, régala les spectateurs d’un discours dont il avait le secret.
Il vint à Paris début 1928, et fut invité par Gaston Desprez au Cirque d’Hiver pour faire un discours juché sur le dos d’un éléphant. À la fin de son allocution, il formula le voeux que l’univers entier devienne un grand cirque et conclut en disant alors, la grande farce capricieuse et disparâtre du monde aura trouvé son rythme sincère et son style véritable.
Ramon Gomez de la Serna se maria avec Luisa Sofovich et vécut à Buenos Aires de 1936 à 1963. Il décéda dans la capitale argentine le 12 janvier 1963. Quelques jour plus tard, le 24 janvier, Feijoo et Castilla, les directeurs du Circo Price de Madrid lui rendirent hommage, en apposant, sur le fauteuil qu’il occupait régulièrement, une plaque commémorative d’argent sur lequel était écrit Ramón.
Grand amateur de Cirque, Ramon Gomez de la Serna fut apprécié à la hauteur de son génie par le monde du cirque espagnol. On l’appelait, avec déférence, l’inoubliable chroniqueur officiel.
Sources : Ramon Gomez de la Serna
- Le Cirque – Ramón Gómez de la Serna.
- Notice biographique – Archives Arlequin.
- Cirque d’Hiver – direction Gaston Desprez – Dominique Denis – p 66 -79.
- Hommage à Ramon Gomez de la Serna – Yanette Deletang-Tardif – Le Cirque dans l’Univers – n° 48.
- Dessin de Ramon Gomez de la Serna par Pierre Payen.
- Ramon Gomez de la Serna – Illustration par Estalella.
- Ramon Gomez de la Serna – photo Archives Arlequin.
A lire
Le Cirque – Ramón Gómez de la Serna – Les Documentaires – 1927.
Quelques titres de Ramon Gomez de la Serna traduits en français
- Le Docteur invraisemblable (1914-1921)
- Le Rastro (1915)
- Le Cirque (1917)
- Echantillons (s. d.)
- La Veuve blanche et noire (1917)
- L’Incongru (1922)
- Grand Hôtel (1922)
- Cinéland (1923)
- La Villa de Palmyre (1923)
- Le Chalet des roses (1923)
- Le Roman du romancier(1924 et 1946)
- Le Torero Caracho (1926)
- Le docteur invraisemblable (s. d.)
- La Femme d’ambre (1927)
- Six fausses nouvelles (1927)
- L’Homme au chapeau gris (1928)
- Seins (1928)
- Azorin (1930)
- Ma tante Carolina Coronado (1940)
- Ramon Valle Inclan (1944)
- Portraits contemporains (1945)
- Automoribundia (1948)