Surnommé l’homme oiseau, Jean-Baptiste Auriol est considéré par tous les historiens comme étant le grotesque le plus extraordinaire de son siècle.
La troupe de Louis Auriol
Jean-Baptiste Auriol, né en 1806 à Toulouse, débute dans la troupe de son père Louis Auriol. Le jeune Jean-Baptiste tient ensuite l’emploi du Paillasse dans la compagnie de Jean-Baptiste Loisset en tournée dans les états germaniques.
Acrobate, sauteur, écuyer, équilibriste, jongleur, il sait tout faire.
Il faut le voir danser gracieusement sur des bouteilles posées sur un guéridon, se tenir en équilibre instable sur des chaises, des échasses ou une béquille, ou les jambes en l’air sur une pyramide de flacons. Auriol tourne des sauts périlleux au-dessus de ses babouches ou sur un mouchoir plié successivement en deux, en quatre et en huit. Hardiment, il saute au travers d’un cerceau bardé de pipes, puis prend son élan sur un tremplin et franchit, d’un bond, une rangée de grenadiers baïonnettes au canon. Enfin, debout sur un cheval lancé au galop, il jongle avec des boules en cuivre ou des gros saladiers en porcelaine, se tient en équilibre de main, à la force des poignets et enfin, tourne un saut périlleux.
Bien que ses exercices soient audacieux, il provoque le rire par sa fantaisie et son entrain. Le contraste entre la dangerosité de ses exploits et sa désinvolture narquoise provoque la surprise, le sourire puis, le rire.
Théophile Gautier émerveillé
Après le Cirque Olympique des Franconi, Auriol est engagé au Cirque des Champs-Elysées dirigé par Louis Dejean, le plus grand des directeurs français du XIXème siècle. Ce monument, conçu par l’architecte Jacques Hittorff, servira de modèle à de nombreux établissements français et étrangers. Il s’intitule Cirque National des Champs Elysées sous Louis Philippe, Cirque National de Paris de 1848 à 1852, et Cirque de l’Impératrice sous Napoléon III. Plus tard, il reprendra sa dénomination première après la guerre franco-prussienne. Inauguré en mai 1843, ce temple du cheval devient le rendez-vous de la haute société parisienne.
Dans ce prestigieux cirque équestre, Jean-Baptiste Auriol réussit le pari de triompher essentiellement avec des acrobaties au sol. Il est acclamé par la critique. Emerveillé, Théophile Gautier écrit : S’il ne vole pas, c’est par pure coquetterie !
Les journalistes et chroniqueurs n’en finissent pas de chanter ses louanges. L’un d’eux lui dédia cet étonnant aphorisme :
Quoi de plus léger que la plume ? la poussière. Quoi de plus léger que la poussière ? le vent. Quoi de plus léger que le vent ? Auriol !
Puis, il se produit ensuite dans les capitales européennes de Madrid à Berlin en passant par Barcelone, Londres et Bruxelles, et revient à Paris pour l’inauguration du Cirque Napoléon, en décembre 1852. Surnommé l’homme oiseau, en référence à son agilité et sa bonne humeur, Jean-Baptiste Auriol (11 août 1806 – 29 août 1881) est considéré par tous les historiens comme étant le grotesque le plus extraordinaire de son siècle.
Dominique Denis
Extrait de : Clowns de Cirque – Histoire des Comiques de la Piste – Dominique Denis – Arts des 2 Mondes
À lire :
- Jean-Baptiste Auriol – Tristan Rémy – Les Cahiers du Cirque.
- Ce rire qui vient du cirque – Adrian – 1969.
- Clowns – Michel Louis – Aby Georgian Production.
- Clowns – John H. Towsen – Hawthorn Books – New York – 1976.
- Clowns de Cirque – Histoire des Comiques de la Piste – Dominique Denis – Arts des 2 Monde – 2015.
- Clowns et Farceurs – Jacques Fabbri et André Sallée – Bordas – Paris – 1982.
- Das Lachen des clowns – Mario Turra – Henschelverlag – Berlin – 1972.
- L’Art du Clown – Dominique Denis – Arts des 2 Mondes – Paris 2005.
- Le Livre du Clown – Dominique Denis – Editions du Spectacle – Strasbourg – 1985.
- Le Petit Auguste Alphabétique – Yves Dagenais – Magellan – Paris – 2015.
- Les Clowns – Tristan Rémy – Grasset – Paris – 1945.
- Les clowns et la tradition clownesque – Pierre Robert Levy – La Gardine – 1991.