Par Vojtech Molier
L’extraordinaire équilibriste Little John fut le héros du film Pas de coup dur pour Johnny, réalisé par Emile Roussel, en 1956.
… À ne pas confondre avec un autre Johnny…
Little John
Pour présenter Little John, rien de mieux que de citer Dominique Denis dans son étude Cirque Medrano – saison 1951 – 1952 :
« … La mémoire du spectateur est marquée profondément par certaines étoiles qui constellent l’histoire du Spectacle.
Les artistes de Cirque peuvent être comparés, à certains égards, aux champions sportifs qui parfois, le temps d’une saison, voire d’une seule manifestation, entrent de plain-pied dans les annales de leur discipline. Des artistes exceptionnels comme Rastelli ou les Codona, malgré une carrière fort brève, sont devenus des vedettes mythiques. John Seidel, dit Little John était de ceux là…
Le numéro
… A peine âgé de douze ans, cet enfant danois aux boucles blondes, beau comme une statue grecque, débutait son numéro par un exercice surprenant. Tout en jonglant avec 5 cerceaux, il exécutait un grand écart facial, les pieds posés sur deux tabourets munis de roulettes, qui s’écartaient comme par enchantement…
Il montait ensuite sur un piédestal de deux mètres de haut, puis piquait un équilibre d’une seule main. De la main libre, il dénouait des foulards attachés à ses chevilles.
Lors d’un autre équilibre d’un seul bras, sur une canne plantée sur le socle du piédestal, il faisait tourner deux cerceaux autour de l’autre bras, tout en tenant un ballon sur l’extrémité d’un bâtonnet tenu entre les dents…
Le petit prince de l’équilibre
… Ces exercices étaient présentés avec aisance et élégance, dans un tempo fluide. Little John personnifiait la perfection.
De façon parfaitement justifiée, cet artiste d’une classe exceptionnelle, était surnommé le petit prince de l’équilibre… »
Après son triomphe à Medrano, John Seidel, dit Little John, fut engagé trois ans plus tard, pour le film Pas de coup dur pour Johnny .
Dans son livre Cirque au cinéma – Cinéma au Cirque, Adrian cite et commente ce film dont le héros est un équilibriste. Le fait mérite d’être souligné, car dans la majorité des productions cinématographiques, les protagonistes sont soit des clowns, des dompteurs, des trapézistes ou des directeurs.
Pas de coup dur pour Johnny
Ce film de 94 minutes fut réalisé par Emile Roussel, avec à l’affiche Armand Mestral, Dominique Wilms et John.
Ce long métrage fut tourné en noir et blanc en novembre et décembre 1954, aux studios parisiens de Billancourt, et les extérieurs à Paris et Rouen.
La première eut lieu, dans la capitale, le 4 mai 1956. Le film fut diffusé ensuite en Allemagne de l’ouest, Autriche, Belgique, Danemark et Grèce.
Le scenario
En cavale à Rouen, Bob (Armand Mestral), se réfugie dans une chambre de bonne. Il se retrouve nez à nez avec un jeune garçon Johnny (John Seidel) qui vient de perdre sa mère. Alors, il lui fait croire qu’il est son père. Tous deux se rendent, à Paris, chez Gaby (Dominique Wilms) la tante du garçon qui est mannequin. Cette dernière, qui a connu le père du garçon, n’est pas dupe de la supercherie.
Bob le confie alors à Mimile (Julien Carette), son ami garagiste. Comme Johnny a des dispositions pour l’acrobatie, il va s’entraîner dans un studio de gymnastique. Enfin prêt, Johnny se produit dans un cabaret, avec la superbe Gaby en tant que partenaire. Le numéro de Litte John est entièrement filmé.
L’histoire continue…
Voyou au grand cœur, Bob s’est attaché à Gaby et au jeune Johnny. Il veut maintenant changer de vie… Mais, le passé le rattrape… Les truands de la pègre parisienne l’obligent à participer au braquage d’un wagon contenant des diamants. Bob étant réticent, les braqueurs kidnappent Johnny.
Voulant se racheter, Bob réussit à faire foirer l’opération… Scène de bagarre… Arrivée des policiers… Blessé, Bob meurt soulagé que Johnny soit sauvé.
The Danish Wonderboy
Après Copenhague, au Cirque Schumann, en 1950, The Danish Wonderboy, Little John – il avait alors 12 ans – se produisit souvent en France et dans les pays francophones.
On put l’applaudir à Medrano en décembre 1951… au Cirque Knie en 1952… Festival International du Cirque à Liège, Gand, Charleroi, Paris en 1955… Napoléon Rancy 1956 et 1959… Cirque Amar en 1961… sans compter le Lido de Paris.
Devenu adulte, il se produisit sous son véritable nom John Seidel, comme chez Pinder en 1966. Il participa à la Piste aux Etoiles en 1972. Au Festival International de Monte-Carlo, il fut récompensé, en 1975, par un Clown d’argent.
Vojtech Molier
Sources
- Film : Pas de coup dur pour Johnny
- Idem – Le cinéma français.
- Cinémonde – 21/01/1955 – 27/02/1955.
- Annonces – Echo 1950 à 1959.
- Medrano – saison 1951 – 1952 – Dominique Denis.
- Cirque au Cinéma – Cinéma au Cirque – Adrian – p 144.
- Dictionnaire du Cirque – Dominique Denis.
- Cirques en bois, cirques en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis.
- Pinder – direction Charles Spiessert – Dominique Denis
- Les cirques des frères Amar – Dominique Denis
- Programmes Medrano – Napoléon Rancy – Knie – Festival International du Cirque – Festival International de Monte-Carlo.
- De Little John à John Seidel – Le Cirque dans l’Univers – n°156
- Little John – circopedia.
- John Seidel – Michel Alain Lagrange – cirk75.
À lire
- Medrano – saison 1951-1952 – Dominique Denis – Arts des 2 Mondes – Paris – 2002 (en cours de réédition).
- Cirque au Cinéma – Cinéma au Cirque – Adrian – 1884.