Risley reste un des personnages les plus importants de l’histoire du Cirque en tant que créateur de l’icarisme et comme importateur du cirque au Japon.
De l’antipodiste à l’icarisme
Ce fut une révélation lorsque Richard B. Carlisle, dit Risley présenta, pour la première fois un numéro acrobatique dans lequel il faisait voltiger avec ses pieds ses deux élèves John et Henry. C’était en novembre 1841, au Bowery Amphitheater de New York.
Certes, les exercices antipodiens faisaient déjà partie du répertoire des acrobates, mais il s’agissait d’équilibres statiques. Dans l’article Icariens au Cirque extrait de l’Encyclopédie du Cirque, nous avions cité Signor Colpi qui présentait des équilibres et des élévations, ou des antipodistes japonais avec des enfants au sommet de leurs subtiles échafaudages. Mais aucun de ces artistes ne faisaient voltiger véritablement leurs partenaires.
Cette nouvelle discipline fut appelée par la suite Risley Act, icarisme ou jeux icariens.
Vu par Théophile Gautier
Lors de sa venue à Paris en 1844 au Théâtre de la Porte Saint-Martin, Théophile Gautier décrivit ses exercices :
« … Il se couche sur le dos, croise les bras et les jambes dans l’attitude d’un Polyphème ou d’un Gulliver au repos.
Alors commence une série de tours de force d’autant plus incroyable qu’ils ne trahissent ni le moindre effort, ni la moindre fatigue, ni la moindre hésitation.
Les deux adorables gamins, successivement ou ensemble, montent à l’assaut de leur père, qui les reçoit sur la paume de sa main, sur la plante des pieds, les lance, les renvoie, les jette, les fait passer de droite à gauche, les tient en l’air, les quitte et les reprend avec aisance… »
Sauts périlleux
À propos des petits voltigeurs, l’auteur du Capitaine Fracasse précisait :
« … Ces tours fait sur les pieds, ils les exécutent ensuite la tête en bas, sans être émus, ni essoufflés, ni en sueur, chose rare. Ils ont l’air d’enfants qui s’amusent, et rien n’altère chez eux la fraîcheur du premier âge… »
Parmi ses tricks, Risley faisait effectuer à son voltigeur un saut périlleux et demi de pied à main, et également, un saut périlleux de pied à pied.
La vie d’artiste
Les origines de Risley sont peu connues sinon qu’il était né à Salem dans le New Jersey en 1814. Selon Stuart Thayer, il participa à un numéro d’acrobate avec les frères Charles et William Brown au cirque de Titus, Angevine & Co en 1841.
Avec ses enfants, il voyagea aux Antilles début 1843, fut engagé à New York au Park Theater en mai, puis partit en Grande-Bretagne. Ensuite, il sillonna l’Europe de Paris à Saint-Pétersbourg en passant par Moscou, Bruxelles, Milan et Rome et retour à Londres en 1846.
L’année suivante, il revint à New York au Broadway Theater puis au Rufus Welch’s National Circus à Philadelphie.
Risley imprésario et directeur de cirque
Lassé de ses exploits acrobatiques, Risley s’établit avec un panorama à Londres en 1849, puis à Bruxelles l’année d’après. C’est alors qu’il devint imprésario et s’associa pour diriger un cirque avec Rufus Welch et Thomas McCollum jusqu’en 1852.
Ayant goûté aux joies de la direction, il entreprit, ensuite, des tournées en Amérique du nord sous des enseignes différentes, notamment avec Devani.
Attiré par l’aventure, il se produisit en mars 1858 à Honolulu, puis à Sidney en Australie, à Singapour en 1861, et à Shangaï, deux ans plus tard.
A Yokohama
Fait extraordinaire, Risley eut l’audace de présenter un spectacle de cirque au Japon. En effet, c’était la première fois qu’un cirque occidental se produisait dans l’Empire du Levant. La première eut lieu le 28 mars 1864 à Yokohama.
Sa troupe ne comprenait que dix artistes et huit chevaux, mais tous de qualité. Au programme : Rooney, voltigeur à cheval, Eugèneet ses chiens, les frères Italiens acrobates, l’écuyère Lizie Gordon et la ballerine Cerito.
Les représentations durèrent jusqu’au mois de mai, puis il présenta des artistes d’agilité japonais. Infatigable entrepreneur, il engagea une troupe nippone pour se produire à l’étranger.
Troupe impériale
Pour Richard B. Carlisle, ce fut le début d’une nouvelle carrière en 1867. Associé avec Thomas Maguire, il présenta à San Francisco la Troupe Japonaise Impériale. La vie de cette troupe fut décrite, en détail, par Frederick L. Schodt dans un remarquable ouvrage intitulé Professor Risley and the Imperial Japanese Troupe.
Après San Francisco, la troupe atteignit New York, ensuite l’Angleterre, Paris pour l’Exposition de 1867, les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne et le Portugal. Le funambule Umekichi, baptisé Little All Right, était la vedette du spectacle.
Sauf Little All Right, qui fit carrière en Europe, la troupe retrouva le Japon en 1869.
Une gloire du Cirque
À la suite de toutes ces aventures, Risley, victime de dépression nerveuse, fut placé dans une institution et décéda le 25 mai 1874 à Philadelphie.
A double titre, Richard B. Carlisle, dit Risley peut être considéré comme une des gloires du Cirque : en tant que créateur d’une nouvelle discipline appelée icarisme et dans les pays anglo-saxons Risley act… et pour avoir importé le spectacle de Cirque au Japon.
Dominique Denis
Sources
- Risley Act
- Livre : L’Encyclopédie du Cirque -Dominique Denis.
- Icariens au Cirque – Dominique Denis -circus-parade.com
- Vu par Théophile Gautier
- Histoire dramatique en France depuis 25 ans – 4 juin – Théophile Gautier.
- Théophile Gautier – Miche Alain Lagrange – cirk/75.
- Sauts périlleux
- Théâtre du merveilleux – Marian Hannah Winter.
- La vie d’artiste
- Richard Risley Carliste – Stuart Thayer
- The illustrated London News – 7/02/1846.
- Risley imprésario et directeur de cirque
- Stuart Thayer – notes
- New York Clipper – 20/03/1858.
- A Yokohama
- Japan Herald – 1864.
- Aya Mihara – notes.
- Troupe impériale
- Book : Professor Risley and the Imperial Japanese Troupe – Frederick L. Schodt.
- Nouveau Cirque – Paris de la Belle Époque – Dominique Denis.
- Une gloire du Cirque
- N. York Clipper – 6/06/1874.
À lire
- Professor Risley and the Imperial Japonese Troupe – Frederick L. Schodt – Stone Bridge Press – Berkeley – 2012.
- L’Encyclopédie du Cirque – Dominique Denis- version e book – Arts des 2 Mondes – 2013.