Raoul Donval, dynamique directeur du Nouveau Cirque de 1889 à 1897, monta de nombreux spectacles féériques qui illumina le Paris de la Belle Époque.
Directeur du Nouveau Cirque
Le conseil d’administration du Nouveau Cirque nomma Raoul Donval directeur le 9 juin 1889.
De premier abord, cette décision pouvait paraître surprenante, car ce dernier n’avait jusqu’alors jamais dirigé de cirque. Ce à quoi, on pouvait argumenter que c’était également le cas de Joseph Oller, le fondateur, qui, lui non plus, n’était pas de la partie. Et en remontant dans le temps, l’exemple de Louis Dejean fondateur du Cirque des Champs Elysées et du Cirque Napoléon, restait dans toutes les mémoires.
Arthur Théobald Guilloreau, dit Raoul Donval, était né à Noailles le 19 février 1852. Attiré par la peinture et les planches, il devint comédien. Lorsqu’il rencontra la chanteuse à la mode Thérésa, il avait 25 ans et était encore inconnu. Immédiatement, ce fut un coup de foudre ! Ils se marièrent à Asnières en 1878.
La diva des concerts Thérésa
Surnommée la diva des concerts, Emma Valladon, dite Thérésa, était née le 25 avril 1837 à La Bazoche-Gouet. Son père jouait du violon et lui enseigna les rudiments du métier. De figurante dans les théâtres parisiens, elle tenta sa chance dans la chansonnette et réussit à s’imposer à l’Eldorado à partir de 1864. Elle obtenait d’énormes succès avec ses chansons comme La femme à barbe, C’est dans le nez que ça m’chatouille, La Vénus aux carottes, Rien n’est sacré pour un sapeur…
Devenue une gloire nationale, elle acquit une stature internationale. Accompagnée de son mari, elle entreprit une tournée en Europe centrale qui la mena jusqu’en Russie.
Arthur Théobald Guilloreau se fit alors appelé Donval. La fougueuse Thérésa lui donna ce pseudonyme à partir de l’anagramme de son nom Valladon. Quant à son prénom, il choisit Raoul qui était alors à la mode.
Premiers pas de directeur
De retour des pays des Tsars, fin 1885, Raoul Donval prit, avec son épouse et M. Labat, la co-direction du music-hall l’Alcazar d’Hiver. Se sentant à l’aise dans ses nouvelles fonctions, il dirigea un temps le Casino de Saint-Valéry-en-Caux et organisa une tournée théâtrale pour la pièce L’abbé Constantin.
Devenu une personnalité du monde du divertissement, il prit les rênes du Nouveau Cirque.
Rapidement, il s’imposa comme un habile directeur. Une de ses premières décisions fut de nommer au poste de régisseur Geronimo Medrano dont la renommée n’est plus à faire.
Le défilé des vedettes
Durant huit saisons, Raoul Donval se révéla un dirigeant qui, avec un art consommé, sut divertir le public le plus huppé de Paris.
Nous lui devons des pantomimes féériques et nautiques telles Paris au Galop, Gribouille, Le Roi Dagobert, Le Yacht de M. Durand, La Reine de Bercy ou le Feu au moulin. S’il fit appel à des auteurs comme Surtac et Allévy, il écrivit lui-même certaines de ses pièces comme Papa Chrysanthème ou Les cent kilos.
Renouvelant en permanence ses programmes, il fit appel aux plus grandes vedettes de la Piste. Citons simplement les écuyères Eugénie Weiss, baronne de Rhaden ou Elvira Guerra, le maître écuyer James Fillis, le dompteur Dayerling, Geronimo Medrano, les jongleurs Severus Schaeffer et Cinquevalli, les vélocipédistes Ancillotti, les barristes Popescu et Luppu, les volants Rainat… Grand ami des clowns, il mit en valeur l’inénarrable duo Foottit et Chocolat.
Seconde noce
En plus du cirque de la rue Saint-Honoré, il dirigea avec son ami Geronimo Medrano, toujours à Paris, le cirque-hippodrome du Champs-de-Mars, avenue Rapp.
Au début de l’année 1896, Raoul Donval divorça de Thérésa. En seconde noce, il se maria le 19 décembre 1896, à la Mairie de Ier arrondissement de Paris, avec mademoiselle Marie-Louise Maillard.
Fatigué, il démissionna de ses fonctions de directeur du Nouveau Cirque et de l’Hippodrome du Champ-de-Mars à la fin de la saison 1896/1897.
Adieu Raoul Donval
Le 14 mars 1898, Raoul Donval rendit son dernier soupir. Deux jours plus tard, Ses obsèques étaient célébrées à l’église de la Madeleine. Paris venait de perdre un de ses enfants les plus chéris. Ce soir là, le Nouveau Cirque fit relâche.
À la suite de Joseph Oller, Arthur Théobald Guilloreau, dit Raoul Donval se révéla, de 1889 à 1897, un talentueux directeur du Nouveau Cirque qui contribua largement à la réputation de Paris, ville lumière, capitale mondiale du divertissement.
Dominique Denis
Sources
- Directeur du Nouveau Cirque
- Livre Nouveau Cirque – Paris de la Belle Époque – Dominique Denis
- Nouveau Cirque – 251 rue Saint-Honoré – Dominique Denis – circus-parade.com
- Joseph Oller – Vojtech Molier – circus-parade.com
- Notes biographiques Paul Salasca.
- Recherches historiques Justine Cormarèche.
- Dictionnaire des comédiens français – Henry Lyonnet.
- La diva des concerts Thérésa
- Gros succès et petits fours – Romi.
- Thérésa la diva du ruisseau – Pierre-Robert Leclercq.
- Première idole de la chanson française – Jacqueline Blanche.
- La première vedette de café-concert – Catherine Authier.
- Premiers pas de directeur
- Music-hall et café-concert – André Sallée et Philippe Chaveau.
- Courrier de Raoul Donval – 20/01/1887.
- Medrano – Boum-Boum – Dominique Denis.
- Le défilé des vedettes
- D. Denis – Nouveau Cirque – Paris de la Belle Époque.
- Livret Les 100 kilos.
- Seconde noce
- Recherches Paul Salasca.
- Adieu Raoul Donval
- Acte de décès n°187.
- M. Donval – Le Figaro – 15/03/1898.
A lire
Nouveau Cirque – Paris de la Belle Époque – Dominique Denis – Arts des 2 Mondes – Paris – 2020.