Par Vojtech Molier
Le directeur Eduard Wollschläger, au milieu du XIXème siècle, annonce la montée en puissance des cirques prussiens.
À Paris
Selon l’historien Joseph Halperson, Eduard Wollschläger (qui en français s’écrit Wollschlaeger) était né à Magdebourg le 4 septembre 1811 dans une famille de banquistes. Signor Saltarino, quant à lui, le fit naître à Stralsund, en Poméranie.
Artiste complet, il se perfectionna en équitation chez Brilloff, puis vint à Paris, haut lieu de l’équitation d’excellence.
Ses qualités indéniables le font engager par Louis Dejean et Adolphe Franconi au Cirque des Champs-Élysées. Lors de la réouverture de cet établissement en mai 1837, il était inscrit au programme aux côtés des frères Lalanne, Bastien Gillet, mademoiselle Kenebel, Joseph Plège et Auriol. Les Parisiens purent l’apprécier à nouveau, au Cirque Olympique du boulevard du temple, pour la saison 1837/1838.
Avec Colombet et Wolff
Ayant à coeur de diriger sa propre entreprise, Eduard Wollschläger s’associa avec Louis Antoine Colombet, qui était marié avec Armantine Cuzent. Avec de tels artistes de renom, Wollschläger se sentait prêt à se mesurer aux autres troupes de spectacles équestres parcourant les divers états germaniques.
Le cirque de Wollschläger et Colombet eut la chance de pouvoir se produire à Berlin, dans le manège Sophie, de novembre 1842 à avril 1843. Pour la circonstance, des artistes comme le jongleur à cheval Lorenz Wulff, le voltigeur équestre Anton Brand ou le paillasse Wrowel, avaient été engagés.
Lorsque Louis Colombet mourut prématurément fin 1842 – il n’avait que trente et un ans – Eduard Wollschläger fit équipe avec Frank Xavier Wolff. Cette nouvelle troupe se produisit à Vienne au Circus Gymnasticus en septembre 1843, puis, à partir de novembre, à Berlin.
De Vienne à Berlin
Ensuite, Eduard Wollschläger fit cavalier seul. Le Circus Gymnasticus de Vienne l’accueillit à nouveau de janvier à mars 1844. Malgré la concurrence de compagnies françaises comme celle de Cuzent-Lejars, Eduard Wollschläger s’imposa à Berlin, les saisons suivantes, dans le cirque en bois de la Porte de Brandebourg.
Outre la capitale prussienne, il donna des représentations à Crefeld en 1845, à Cologne en début de l’année suivante et à Coblence en 1848.
De nouveaux artistes sont engagés comme Gotthold Schumann dans ses jongleries à cheval.
Eduard Wollschläger, un artiste complet
En tant qu’écuyer Eduard Wollschläger s’imposa avec des montures comme Hyppolyte, ses groupes en liberté, ses exercices de voltige, sans compter les poses équestres et autres scènes allégoriques. Parmi celles-ci il y eut La mort de Jules César, l’Arabe et son fidèle cheval, ou encore Les lettres de l’alphabet.
De plus, il fit preuve d’originalité en travaillant à main droite, alors que la plupart des écuyers pratiquent à main gauche.
L’homme qui savait parler aux chevaux
Durant toute cette période Eduard Wollschläger réussit à maintenir sa réputation dans la capitale. Cependant, Ernst Renz se révéla un redoutable et permanent concurrent, et il eut du mal à suivre le mouvement.
Les Berlinois purent encore apprécier les spectacles de Wollschläger pour la saison 1852/1853, avec Thomas Price au programme.
A la fin de l’année 1854, un personnage du nom de John S. Rarey fit sensation au Cirque Wollschläger. Cet américain avait tout simplement le pouvoir d’amadouer, en quelques instants, les chevaux les plus rétifs et réputés indressables. Il se contentait de regarder l’animal nerveux qu’on venait de lui confier, lui parlait, le caressait ses naseaux jusqu’aux jambes, et environ, au bout d’une dizaine de minutes, celui-ci devenait complètement soumis.
L’excellence allemande
Toujours à Berlin, Eduard Wollschläger se produisit au 141 Friedrichstrasse pour la saison 1857/1858. Auparavant, il avait présenté ses spectacles à Brême, Dresde, Francfort, Breslau, et Munich.
Hermann Sagemüller avait relevé le passage de Wollschläger, l’année suivante, à Francfort, Stuggart et Karlsruhe, puis à Essen en 1859. En Belgique, Wollschläger s’établit Place du Trône en février 1860.
Avec son épouse née Voigt, Eduard Wollschläger se retira du métier et s’installa à Aix-la-Chapelle, puis à Honnef, en Rhénanie du Nord, où il décéda le 8 févier 1875. Il laissait une fille adoptive Samueline, dite Lina, qui se maria avec Wilhelm Stark. Elle était la maman de Thérèse, connue sous le nom de Thérése Renz.
Artiste émérite et courageux directeur, Eduard Wollschläger s’est imposé en Prusse par la qualité de son travail. Avec Rudolf Brilloff et Ernst Renz, il est considéré par les historiens comme un des pères spirituels du Cirque allemand.
Vojtech Molier
Sources
- À Paris
- Das Busch vom Zirkus – Joseph Halperson.
- Artisten Lexikon – Signor Saltarino.
- Circus Brilloff – Dominique Denis – circus-parade.com.
- Cirque des Champs-Élysées – Dominique Denis.
- Cirque Olympique de Louis Dejean – Dominique Denis – circus-parade.com.
- Almanach des spectacles – 1837/1838.
- À Paris
- Circus-archäologie – Hermann Sagemüller.
- La belle madame Lejars et ses sœurs Pauline et Armantine – Tristan Rémy.
- Cirque Cuzent & Lejars – Dominique Denis – circus-parade.com.
- De Vienne à Berlin
- Les jongleurs à cheval – Dominique Denis.
- Cirque Schumann – direction Gotthold Schumann – Dominique Denis – circus-parade.com.
- Eduard Wollschläger, un artiste complet
- Notes Joseph Halperson.
- L’homme qui savait parler aux chevaux
- Zirkus Renz – direction Ernst Renz – Dominique Denis – circus-parade.com.
- Joseph Halperson- Saltarino – notes.
- La merveilleuse histoire du Cirque – Henry Thétard.
- L’excellence allemande
- Hermann Sagemüller – Dominique Denis – notes.