Le Cirque Palisse – direction Alexandre Palisse – présenta, dans les plus grandes villes de France de 1909 à 1931, des spectacles d’une qualité égale à ceux des plus grands établissements parisiens.
Généalogie d’Alexandre Palisse
Lors de la naissance d’Alexandre Palisse, le 17 novembre 1876 à Saint-Chamond (Loire) ses parents étaient engagés au Cirque Piatti.
Son père, Louis Marius, né le 13 juillet 1856, était un acrobate et sa mère Louise, née Bertoletti, était une écuyère. Elle était la fille de Philippe Bertoletti. Ce nom nous est connu, puis qu’on trouve un Bertoletti dans la troupe de Fernando lors de sa première tournée en France en 1872.
Après Alexandre, ils eurent un autre fils Nicolas, né le 21 mars 1879, qui devint acrobate, et se maria avec la fildefériste Juliette Polet.
En remontant dans la généalogie d’Alexandre Palisse, nous trouvons son grand-père Jean Joseph Palisse, menuisier de profession, et marié avec Eulalie Minudier.
Clown international
Alexandre élevé dans la tradition connaissait le ba-a-ba du métier. Après le décès de père le 26 juin 1891 à Roman-sur-Isère, il monta des numéros avec des chiens et des poneys.
Son sens de la comédie l’orienta vers l’art clownesque et il se lança dans le répertoire à deux personnages avec différents partenaires de renommée tels Pierre Périer, Félix Gontard, Atoff, Dario, Seiffert, René ou Fitz. Sa réputation fut telle qu’il fut engagé, en compagnie de Leonardo Ceratto au Cirque Frank Brown en Argentine en 1900 au Politeama de Rosario en 1901, au Circo Parish à Madrid, au Coliseo de Lisbonne, puis chez André Plège en 1903 à 1905, et à nouveau en Amérique du sud en 1906. Sa notoriété fut telle qu’il fut réengagé à Lisbonne en 1909.
Adrienne Grenier
Sa rencontre avec Adrienne Lucie Grenier fut capitale puis qu’ils se marièrent le 9 avril 1904 à Caen. Adrienne s’était spécialisé dans les danses à la Loie Fuller et se produisait au Théâtre Grenier, un cinématographe ambulant avec attractions, qui se produisait dans les grandes foires de province dont son père Ernest Grenier était le propriétaire. Seul ou avec un partenaire, Alexandre fit longtemps partie de la troupe de son beau-père tout en acceptant des engagements dans des cirques.
Alors en tournée à Montevideo en Uruguay, Adrienne et Alexandre eurent, le 4 juillet 1906, un fils Ernest, Julien dit Ernest junior.
Premiers pas de directeur
Ayant bien étudié la gestion d’une entreprise de spectacle avec son beau-père, Alexandre Palisse devint directeur du Cirque Palisse à partir de 1909. Il monta ses premiers spectacles à Caen et à Anvers.
Une affiche l’annonçait à Mons le 25 novembre 1911, où il avait monté un chapiteau à deux mâts. Malgré la simplicité de son matériel il présenta un spectacle composé d’attractions internationales avec la troupe cycliste Klein, la comique à cheval Leris Loyal, les cinq barristes Artonis, la troupe japonaise Okabé et les clowns Palisse et Atoff… une représentation qui pouvait rivaliser avec les plus grands établissements de l’époque.
Que des vedettes !
Pour sa deuxième année d’exploitation, en 1912, il s’installa à Boulogne, Orléans et Lille. Dans la capitale du nord, il monta, en septembre, une semi-construction, Place de la République, avec à l’affiche les fameux icariens sur chameaux Mirza Golem et les aériens Monbar.
Le public lillois revint au Cirque Palisse l’année suivante qui annonçait la troupe équestre des 7 Cardinale, les clowns espagnols Baracetta, et le célèbre duo Foottit et Chocolat.
Dans la ville d’Orléans, il reprit la direction, en 1913, de l’Appolo-Concert qu’il appela Kursaal-Palisse. À Clermont-Ferrand, en juillet et août, le programme comprenait l’acrobate équestre Arsens Cardinale, les clowns Bob O’Connor et Coco et les barres aériennes des 6 Météores.
En 1914
Cette année là, Palisse donna des représentations au mois de mars au Cirque Municipal de Troyes, dont Ugo Ancillotti avait obtenu la concession, avec la troupe de jongleurs Balaguer… puis , à Reims à Pâques les amuseurs de la Piste Biberon et Diols… à Orléans et Caen, dans une construction un cirque en bois démontable où se distinguèrent l’homme fusée Monbar et deux duos de clowns Cyerillo et Busby et Ilès et Antonio… Steens, l’évadé perpétuel fut la vedette, en juillet, à Clermont-Ferrand.
Alors qu’il se trouvait à Grenoble, Alexandre Palisse acheta à bon compte une partie de la ménagerie du Cirque Hagenbeck, et partit tenter sa chance en Espagne.
Alexandre partenaire de Dario
Deux ans plus tard, Palisse réussit à donner des représentations à Clermont-Ferrand en août 1916 avec les sœurs Semay, puis retourna dans cette ville en septembre de l’année suivante, et enchaîna au Creusot.
Entre-temps, il s’était produit à Limoges en juillet avec deux équipes de clowns, Dario et Ceratto, et Bob O’Connor et Chocolat. De temps à autres, à Olivet, il monta un Théâtre de la Nature. La grande guerre terminée, Palisse s’établit sous un chapiteau à Lille pendant quatre ans. Cette tente abrita ses spectacles également à Limoges et à Clermont-Ferrand en juillet 1920. Dans cette ville, Alexandre Palisse fit équipe avec Dario. Au même programme on trouvait le chanteur comique Tréki et les clowns Carpi et Nopi. Le mois suivant, Palisse s’installait à Dijon.
Terrible coup du sort
Le couple Palisse fut endeuillé par le décès d’Ernest Grenier, le père d’Adrienne, le 19 avril 1920… et terrible coup du sort, par celui de leur fils Ernest junior, le 21 décembre 1920 à Orléans. Il n’avait que 14 ans !
Élégante semi-construction démontable
Alors que jusqu’à présent les directeurs donnaient des représentations dans des cirques en bois éphémères, Alexandre Palisse fit construire un établissement original démontable et transportable par chemin de fer. Cet ensemble mesurait 38 mètres de diamètre pour une hauteur de 42 mètres. La toiture en toile ignifugée et imperméabilisée était attachée à 12 demi-fermes par des cordages. L’entourage était formé de panneaux de bois avec autours les écuries. Le poids total ne dépassait pas 60 tonnes. Le montage prenait plusieurs jours.
La salle spacieuse avait une contenance de 3 200 spectateurs, une piste en coco, avec des fauteuils basculants, trois séries de places, et un promenoir en haut des gradins. Conçu par la Maison Lacoste, il fut le premier du genre.
L’inauguration eut lieu à Dunkerque à la Foire d’Hiver de 1921. Le spectacle était composé de la dompteuse Martha la Corse et des rois de l’air les Rainat.
Les bons programmes de Palisse
Les spectacles de Palisse pouvaient largement se comparer avec ceux des cirques parisiens. Ainsi, à tours, en 1921, on put applaudit le funambule Robledillo et les éléphants de Singel…
La cavalerie Orlando fut programmée l’année suivante, et à partir de décembre, Palisse s’installait à Barcelone … À Calais et à Boulogne, en 1924, la vedette fuit le célèbre pochard sur fil-de-fer Germain Aéros…
Le Cirque Municipal de Troyes, l’accueillit à nouveau de 1925 à 1928, avec des grandes attractions comme la troupe équestre Edwards…
Le Cirque Municipal de Limoges lui servit également d’écrin de 1927 à 1930… La Belgique ne fut pas oubliée en 1929…
Caen resta une des villes préférées de Palisse. L’affiche annonçait, en juin 1929, le maître écuyer Roberto de Vasconcellos.
Un modèle des cirques français
Les représentations reprirent, au Havre, en mai 1931. La vedette fut à nouveau Germain Aéros. Pendant les saisons creuses, Palisse remisait à St-jean de la Ruelle. Malgré son âge – il n’avait que 56 ans – Alexandre Palisse mourut à son domicile parisien, 49 boulevard de Clichy, le 27 mars 1932.
Courageusement, Adrienne, sa veuve reprit la direction de l’affaire, notamment à Caen en 1932. Finalement elle vendit la construction à Jérôme Medrano qu’Alexandre Palisse considérait comme son fils spirituel.
Par la qualité de ses programmations et celle de la présentation de son établissement, le Cirque Palisse, pendant vingt ans, fut un modèle des cirques français. Avec une élégance rare, Alexandre Palisse présenta des spectacles dignes des plus grandes capitales européennes.
Palisse… un cirque de grande classe !
Dominique Denis
Un grand merci à Jean-Jacques Augendre et Paul Salasca pour leurs recherches généalogiques, ainsi qu’aux regrettés Adrian, Jacques Garnier, Robert Barrier et Charles Degeldère pour leurs travaux sur le sujet.
Sources
- Généalogie d’Alexandre Palisse
- Notes généalogiques de Jean-Jacques Augendre et Paul Salasca.
- Sur les chemins des cirques voyageurs – Adrian
- Grand Répertoire Illustré des Cirques en France – Robert Barrier.
- Clown international
- Les Clowns – Tristan Rémy.
- Le petit auguste alphabétique – Yves Daguenais.
- Das Programm – janvier 1909.
- Adrienne Grenier
- Forains d’hier et d’aujourd’hui – Jacques Garnier.
- Notice biographique de Paul Salasca.
- Premiers pas de directeur
- Sur les chemins des cirques voyageurs – Adrian
- Grand Répertoire Illustré des Cirques en France – Robert Barrier.
- Affiche Palisse à Mons.
- Que des vedettes !
- Cirques en bois, cirques en Pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis.
suite
- En 1914
- Programmes palisse – 1914.
- Le Nouvelliste – 1914.
- Photos Palisse en Espagne.
- Alexandre partenaire de Dario
- Charles Degeldère et Dominique Denis – Cirques en bois, cirques en Pierre de France.
- CPA Théâtre de la Nature à Olivet.
- Terrible coup du sort
- Jacques Garnier – Forains d’hier et d’aujourd’hui
- Paul Salasca – recherches généalogiques
- Élégante semi-construction démontable
- Architectures du Cirque – Des origines à nos jours – Christian Dupavillon.
- Dominique Denis et Charles Degeldère – Cirques en bois, cirques en Pierre de France.
- Cirques – Constructions – Jacques Fort – Le Cirque dans l’Univers – n° 22.
- Les bons programmes de Palisse
- Annonces : Le Nouvelliste – 1920 à 1932.
- La historia del Circ a Barcelona – Ramón Bech i Battle.
- Troyes – Programmes Palisse.
- Un modèle des cirques français
- Une vie de Cirque – Jérôme Medrano.