Suite de l’adaptation et extrait de Un farfadet à roue libre, un chapitre du livre Les Comiques à Bicyclette par Dominique Denis.

Georges Bazot, dit Bowden

Loriot : Georges Bazot, dit Bowden fit équipe avec différents clowns. D’abord, il s’associa avec le jovial  Mylos, avec qui il fit des tournées publicitaires. Il travailla ensuite avec Coco (Raoul Jouin) au Jardin d’Acclimatation, et avec Grégo pour des spectacles de fin d’années, ainsi que des galas avec Fillis. 

Parallèlement à ces activités clownesques, il jouait pour les matinées scolaires du Théâtre Scaramouche. Également, il avait été engagé à la Comédie Française pour animer la poursuite des apothicaires dans Le Médecin malgré lui.

Quand la deuxième guerre mondiale éclata, il fut affecté au service des postes ambulant sur la ligne Paris-Saverne, puis Paris-Belfort.

À l’armistice, il reprit son costume d’Auguste et participa à des spectacles en province. 

Le lutin de Medrano

 jeune Loriot
le jeune Loriot

Bowden fut engagé au Cirque Medrano en 1942 comme régisseur adjoint au côté d’Averino. L’année suivante, Gilles Margaritis monta une troisième version de la revue burlesque Chesterfolies, avec les  deux équipes vedettes, Pipo et Rhum ainsi que Maïss et Béby. Autour de Recordier, l’équipe des Augustes de soirée  était composée de Bilboquet, Gigi Gallarati et Little Bara. Il fallait un quatrième, et ce fut Bowden ! 

Medrano était le cirque des clowns. Sur les affiches, le slogan était Allez rire à Medrano ! Jérôme Medrano, fils du célèbre Boum-Boum, aimait sincèrement les comiques. Il eut le privilège de donner la réplique à Grock en janvier 1937. Jérôme Medrano suggéra à Georges Bazot de s’appeler Loriot, appellation qui correspondait mieux à son personnage badin et enjoué de feu follet de la piste. 

Loriot resta près de vingt ans dans ce cirque mythique.

Les reprises

Loriot le clown
Loriot

Notre Loriot s’était spécialisé dans les reprises,en compagnie du maître de manège, de Georges Loyal à Marcellys en passant par Dany Ray, Mylos, Simone Morin, Dréna et Georges Prély.

Le clown Loriot remplaçait de temps à autre Boulicot, l’Auguste aux cheveux verts, auprès de Recordier. En plus, il fit équipe, le temps d’un bout d’entrée, avec Pépé, Mylos, Billy Beck, et  donna souvent la réplique à Rhum. 

Lutin de la Piste, il s’intégrait parfaitement dans une équipe constituée ou non. En 1955, occasionnellement, il fit le troisième larron auprès d’Alex et Charly. 

Pour la saison 1957-1958 il compléta le gang du rire composé de Nino, Gin, Lulu, Tonio, Marcellys et le monument de la piste Albert Fratellini.

Loriot directeur de cirque

Lors du spectacle de janvier 1960, il composa le personnage d’un directeur de cirque à l’ancienne, vêtu d’un habit rouge, coiffé d’un chapeau haut de forme, cigare aux lèvres. Il présentait ainsi le spectacle et donnait la réplique à Maïss qui assurait les intermèdes. Fin décembre 1961, il fit partie de l’équipe d’Achille Zavatta pour interpréter les sketches du Gros Lot et du Cinéma.

Dans la centaine d’entrées, sinon plus, qu’il avait jouées, quel rôle n’avait-il pas interprété ? Gardien de musée, greffier de tribunal, hallebardier, gendarme, polichinelle, ramoneur, pâtissier, douanier, photographe et même buste de cheminée. 

Dans un des programmes, il était présenté ainsi : 

Pour parler de lui, doyen de notre maison, les adjectifs viennent tout seuls sur les lèvres : le doux, le gentil,  le subtil, le voltigeant, le fin, l’amical Loriot Il vous manquerait, il nous manquerait s’il n’était point là. Soyez tranquilles. Il y est. 

Clap de fin

Dréna et Loriot - Pierre J. Dannès
Dréna et Loriot – Photo Pierre J. Dannès

Pierre Etaix engagea Loriot pour interpréter un de ses personnages dans son film Le grand Amour. On pouvait lire au générique les noms d’Annie Fratellini, Louis Maïss, Rolph Zavatta, Billy Bourbon…

En tant que comédien, Georges Bazot fit une composition remarquable dans le film de Jean Jacques Vierne, Tintin et le mystère de la toison d’Or, d’après la célèbre bande dessinée d’Hergé. Il interprétait un professeur Tournesol plus vrai que nature, au côté d’André Baret dans le rôle de Tintin et de Georges Wilson dans celui du capitaine Haddock.

Pour l’émission de télévision La Piste aux Etoiles de Gilles Margaritis, Loriot succéda à Bilboquet pour agrémenter la barrière des artistes. Entre chaque numéro, il devisait gaiement avec Roger Lanzac, un présentateur d’une classe exceptionnelle.

 Le temps des médailles

Lorsque sa femme décéda en 1965, il se retrouva bien seul. Mais, Loriot n’était pas oublié pour autant. 

M. Legaret, Président du Conseil municipal, lui remit la Médaille d’Honneur de la Ville de Paris. Federico Fellini vint lui rendre visite pour un reportage à la RAI-TV. Ce tournage se transforma et devint le film Les Clowns.

À l’instigation de Louis Merlin, président de la Piste, association dont le but était de venir en aide aux artistes de cirque dans le besoin, il fut hébergé à la maison de retraite du Cinéma, à Rouvres. 

Le ministre des Affaires Culturelles Jacques Duhamel, sur la piste du Cirque d’Hiver, le décora de la Médaille d’Or des Arts et des Lettres.   

Discrètement, Georges Bazot, dit Bowden, dit Loriot nous quitta le 1er novembre 1973. Il avait 89 ans. Il était le doyen des clowns français.

Dominique Denis

Adaptation et extrait de Un farfadet à roue libre, un chapitre du livre Les Comiques à Bicyclette par Dominique Denis.

Sources extraits des Comiques à Bicyclette

  • Le lutin de Medrano 
  • Variétés et Chansons – Gustave Fréjaville – Comœdia – 2/9/1942.
  • Le Cirque dans l’Univers  – n° 91.
  • Programmes Medrano 1942 à 1962.
  • Clap de fin
  • Tintin et Milou débutent au Cinéma – René Quinson – Combat – 10/5/1961.
  • Le Cirque dans l’Univers – n° 91.
  • I Clowns – Federico Fellini.
  • À lire 
  • Les Comiques à Bicyclette – Dominique Denis – Arts des 2 Mondes – Paris – 1998.