Écuyère à sensation et véritable coqueluche, Eugénie Weiss dite la baronne de Rahden fut une figure pittoresque de la Piste de la fin du XIXe siècle.
par Charmaine Leplu
Des ovations pour la baronne de Rhaden
L’écuyère, la baronne de Rhaden peut être considérée comme un personnage incontournable de la petite histoire du Cirque. Dans son livre Écuyers et Écuyères, le baron de Vaux disait d’elle :
« … La baronne de Rhaden est une écuyère, et une écuyère dans la bonne acceptation du mot… »
Quelques lignes plus loin, il précisait les phases de son numéro : « … Travail sur deux piste, pas espagnol, pirouettes, changements de pieds, etc… »
Cependant, ce même baron de Vaux précisait qu’il n’appréciait pas son exploit lorsqu’elle se renversait en arrière au moment où son cheval pointait. Il considérait cet exercice aussi dangereux qu’inutile. Pourtant, avec cet effet, elle obtenait régulièrement des ovations.
Un mariage dans la noblesse
De son vrai nom Eugénie Weiss, elle se disait originaire de Breslau. Bien qu’étrangère au monde du Cirque, elle réussit à se faire engager en tant qu’écuyère de Haute École au Cirque de Riga. Salamonsky la fit venir à Moscou, puis Ciniselli en fit autant pour son cirque de Saint-Pétersbourg.
Son talent d’écuyère et sa beauté enflammèrent les beaux messieurs. Elle rencontra un aristocrate au sang chaud, le baron Oscar Wladimir de Rhaden qui la demanda en mariage.
C’est ainsi que Eugénie Weiss devint la baronne de Rhaden. En la voyant, fringants militaires ou aristocrates argentés se pâmaient. À Copenhague, le fringant lieutenant Castenkjold tomba follement amoureux d’elle, et se battit en duel avec son mari. Plus tard, à Turin, le baron se mesura à nouveau contre d’autres prétendants. Il en fut de même un peu partout en Europe.
Encore un drame
Le Cirque Brésilien, dirigé par Ernest Pierantoni, à Clermont-Ferrand, le 23 août 1890, fut le théâtre d’un nouveau drame. Le lieutenant Castenkjold, l’ex-admirateur de Copenhague, réapparut subitement. Fou de rage, le baron de Rhaden l’abattit de deux coups de revolver. Le baron fut immédiatement conduit en prison. Trois ans passèrent et le baron fut acquitté.
Les journalistes purent broder à l’infini sur ces évènements. Un demi-siècle plus tard, en juin 1951, le journal France-Soir rendit hommage à la capiteuse baronne de Rhaden, en publiant un feuilleton, en 8 épisodes, écrit par Paul Gordeaux et illustré par J. Pecnard.
Le roman de l’écuyère
Après ces évènements, la baronne de Rhaden fut programmée, à Paris, au Nouveau Cirque, en octobre 1890, où elle passait en deuxième partie du spectacle, juste avant le clown Boum-Boum et la pantomime La noce de Chocolat animée par Foottit et Chocolat.
Quelques années plus tard, Eugénie Weiss dite la baronne de Rhaden écrivit ses mémoires, sous une forme romancée, qu’elle intitula Le roman de l’écuyère.
Charmaine Leplu
Etretat, juillet 2013.
sources
- Des ovations pour la baronne de Rhaden
- Écuyers et Écuyères – baron de Vaux.
- Photo de la baronne de Rhaden – Gustave Soury
- Un mariage dans la noblesse
- Les amours célèbres – France-Soir – Paul Gordeaux et J. Pecnard – juin 1951.
- Notes Eugénie Weiss.
- Encore un drame
- Drame au Cirque Brésilien – Clermont-Ferrant.fr
- Le roman de l’écuyère
- Programme Nouveau Cirque 7 octobre 1880
- Livre : Nouveau Cirque – Dominique Denis
- Nouveau Cirque – Dominique Denis – circus-parade.com
- Medrano – Boum-Boum – Dominique Denis.
- Feuilleton : Les amours célèbres – France-Soir – juin 1951
- Jenny de Rhaden – Le roman de l’écuyère.
À lire
Le roman de l’écuyère – Jenny de Rhaden – Charles Eitel Éditeur – Paris – 1902.