William Pinder lança son premier cirque avec son frère George, au milieu du XIXe siècle, puis épaulé par ses enfants, tourna en France avec succès.
par Vojtech Molier
Une fratrie au théâtre
William Pinder, né en 1828, se prénommait comme son père et son grand-père.
La fratrie Pinder, composée de William, George et Hannah, fit ses premiers pas dans le monde du spectacle au Théâtre Union, un établissement forain qui tournait au Royaume-Uni au milieu du XIXe siècle. Précisons que William Pinder s’était marié avec la fille du patron. Malheureusement, cette dernière, dont le nom n’est pas passé à la postérité, périt tragiquement dans un incendie.
Hannah eut un fils Edward qui fonda une famille qui tourna par la suite en en Ecosse. Elle se maria ensuite avec George Lockart. De leur côté, William et George montèrent leur propre troupe de théâtre et se produisirent à Hull.
La rencontre de William Pinder avec miss Rebecca Todd se conclut par un mariage… Allaient naître plusieurs enfants dont Rebecca, Eda, Albert, Olman, Arthur, Eleonora, Barbara, et Aïda…
Cirque Britannia
Selon le témoignage de Lewis-James Pinder, William et George Pinder lancèrent leur cirque au printemps 1854 sous l’enseigne de Cirque Britannia.
La concurrence s’avérant trop rude, les deux frères Pinder décidèrent de tenter leur chance en 1868 aux Pays-Bas, puis en France. À la fin de l’année, ils donnèrent des représentations à Middlesborough sous l’enseigne de New Oriental Circus. Le cirque partit l’année suivante en Écosse.
Le chapiteau tournait en France en 1871 lorsque éclata la guerre Franco-Prusienne.
Les deux frères William et Geo Pinder montèrent une construction à Great Yarmouth en 1872 (ils étaient déjà venus dans cette station balnéaire anglaise en 1865).
La jeune nation allemande accueillit les frères Pinder en 1873, à Fribourg en juillet et à Kaiserlautern en août. Durant ce séjour, ils s’étaient associés avec Louis Kalozdy. On vit ensuite Pinder en France en 1875.
Lewis Lévy, l’avant-courrier
Entre 1877 et 1881, les frères Pinder passèrent l’été à Great Yarmouth, sous un chapiteau (1877 et 1880) ou dans une construction (1878 et 1881).
Les deux frères William et George se séparèrent et dirigèrent chacun leur propre établissement. George entreprit des tournées en Belgique puis retourna en Grande-Bretagne. Il était secondé de ses fils John William et William George.
Resté en France, William Pinder eut la grande chance de rencontrer Lewis Lévy, originaire de Londres. Ce dernier devint son avant-courrier, fonction d’une importance capitale pour la bonne marche d’un chapiteau itinérant. Son titre officiel était : agent général fondé-pouvoir.
Le passage du cirque de William Pinder fut signalé en 1883 et 1884 à Pau, au Havre, ainsi que dans le Nord et en Vendée, l’année suivante.
Cirque Britannique
Sous le nom de Cirque Britannique, le chapiteau de William Pinder tournait, avec succès, en France en 1886. Les enfants de William assuraient une grande partie du programme : Olman chevauchait lors du courrier de Saint-Pétersbourg et Albert cornaquait les éléphants. Le reste de la troupe était composée de nombreux artistes et l’orchestre était dirigé par M. Lockwood.
Les saisons s’enchaînaient avec régularité. En 1888, le personnel comptait une centaine de personnes, la cavalerie 130 chevaux et 30 chars de parade.
Une institution
Arrivé à la soixantaine, William Pinder confia la direction du cirque à ses fils Albert et Olman. Les papiers à lettres du Grand Cirque Hippodrome étaient imprimés à l’en-tête de Pinder frères.
Grâce à la qualité de ses spectacles, de son organisation, et ses cavalcades, Pinder devint une véritable institution en France. Dans la période entre 1892 et 1898, on put apprécier ce cirque dans des villes comme Pau, Saint-Malo, Nantes ou Dieppe.
Au cours de sa longue vie, William Pinder fut durement frappé par plusieurs terribles deuils dont celui de son fils Albert en 1898… de son épouse Rebecca en 1901… de son frère George en 1906… et de son fils William Olman, qui n’était âgé que de 38 ans.
Un grand patron : William Pinder
Afin d’établir ses quartiers d’hiver, Arthur, dit Nickey acheta le 8 novembre 1904 le domaine de la Commanderie des Templiers à Lavillieu du Temple, à Montauban.
Retiré en Angleterre, William Pinder mourut le 14 janvier 1916. Il avait alors 88 ans.
Fondateur de la célèbre lignée, dite française, William Pinder laissa le souvenir d’un grand patron de cirque ambulant. La direction de son cirque fut reprise par ses fils, puis ses petits-fils, jusqu’en 1928. Charles Spiessert relança alors l’enseigne…
Vojtech Molier
Merci à Dominique Denis pour son aide.
Sources
- Une fratrie au théâtre
- Les histoires de cirque de Lewis-James Pinder dit Arthur – Jacques Granier.
- Victorian Arena – John Turner.
- Cirque Britannia
- New Oriental Circus – 4 nov & 14 dec 1868 – affiches.
- Dominique Denis – notes.
- Circus Archäologie – Hermann Sagemüller.
- The Hippodrome – Great Yarmouth – Donald Stacey.
- Lewis Lévy, l’avant-courrier
- Donald Stacey – The Hippodrome – Great Yarmouth.
- Nomenclature du personnel Pinder – document Lewis Lévy.
- Courrier Lewis Lévy – 4 juin 1882
- Mémoires d’Alfred Court – Alfred Court.
- 1885 – affiche Pinder en Hollande.
- H. H. Linssen – Robert Barrier – notes.
- Cirque Britannique
- Programme Cirque Britannique 1886.
- Courrier Lewis Lévy – 18 février 1888.
- Une institution
- Documents Lewis Lévy – juillet 1890 – octobre 1896.
- Jean Biberon – notes.
- Un grand patron : William Pinder
- John Turner – Victorian Arena.
- Jacques Granier – Les histoires de cirque de Lewis-James Pinder.
- Pinder – 1928 – Alain Nénert.
- Belles de Pinder – Christian Bertault – Jean-Claude Lucet
À lire
- Les histoires de cirque de Lewis-James Pinder dit Arthur – Jacques Granier – Orléans – 1978.
- Pinder – 1928 – des Pinder aux Spiessert – Alain Nénert – Arts des 2 Mondes – Paris – 2001.
- Belles de Pinder – Christian Bertault & Jean-Claude Lucet – volume 4 – Le Masque – 2008.